Culpabilité, à quoi tu sers? Chapitre II

Thérapie de la Culpabilité. Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Apprivoiser sa culpabilité.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

CULPABILITÉ, Chapitre II : « Naissance d’une puissante contradiction interne »

Entendons-nous bien si je dis que la crise est « saine », c’est qu’elle manifeste de manière tout à fait normale, au début de la vie de l’enfant, la contradiction entre ce que lui veut et ce que veut l’environnement. Ceci est inévitable quelle que soit la qualité de l’éducation donnée à son enfant. Et ceci restera valable pour l’adulte en grandissant, tant qu’il n’aura pas trouvé mieux pour faire face à ses équations intérieures contradictoires, il traversera lui aussi des crises. Le problème n’est donc pas la crise elle-même, ni le fait que, bien sûr, il n’est pas possible d’adhérer immédiatement à tous les « je veux » de nos progénitures pas plus qu’à ceux de l’adulte. Le problème de la culpabilité commence lorsque s’intercalent dans le phénomène naturel de l’opposition et de la crise, les considérations morales jugeantes et dévalorisantes du bien et du mal, du « être gentil » ou « être méchant » qui en langage inconscient humain sont intimement traduite par « être ou ne pas être « aimé(e) ».

Si par exemple j’interdis cette délicieuse glace à la vanille à mon fils de 4 ans parce que nous sommes cinq minutes avant le repas de midi, je fais un choix, par rapport à mes valeurs, quelles que soient mes raisons qui pour moi semblent les plus évidentes et naturelles du monde, je fais le choix que ce sera comme cela et pas autrement. J’impose donc ma vision des choses à mon enfant, ce qui je le répète, est plus ou moins inévitable dans l’éducation. D’ailleurs, j’ai moi-même (comme adulte ancien enfant) eu à faire face à de tels moments d’imposition dans ma propre enfance où certaines règles ou valeurs m’ont été imposées selon des manières plus ou moins violentes. Aujourd’hui à mon tour en position d’autorité, j’ai rejeté certaines de ces impositions qui ont confirmé pour moi leur aberration et leur injustice, d’autres se sont confirmées pour moi dans leurs nécessité et justesse, et enfin, j’en répète bêtement certaines autres de manière in-questionnées car j’y ai adhéré à l’époque sans penser ou pouvoir les remettre en question.

(À ce propos, les « crises » de nos enfants sont quelquefois aussi des occasions cachées de profondément remettre en question certaines de ces sacro-saintes valeurs jamais réellement et sérieusement remises en question.)

Mais pour le moment présent je suis convaincu qu’un enfant ne doit pas manger une glace cinq minutes avant le repas, et si c’est ce que je pense être le plus juste, il va devoir faire avec. Ici commence la crise, car mon enfant a une tout autre vision de la situation et de son besoin le plus immédiat. Il fait donc une crise car au moment de maturité de sa courte vie c’est le seul moyen qu’il a de manière saine de gérer la contradiction dans laquelle cela, c’est à dire « je », le met. De ma réaction dépend alors le niveau de potentielle résolution de cette contradiction et de son devenir et développement progressif chez mon enfant, expérience après expérience. Je peux par exemple le laisser faire sa crise sans lui donner cette glace en sécurisant le périmètre du mieux que je peux pour son bien-être comme pour le mien. Ici l’apprentissage est autant pour le parent que pour l’enfant, car il n’est pas toujours facile de vivre la crise d’un enfant. Il apprend alors à faire face petit à petit aux contradictions dans lequel son contact avec les « règles » du monde adulte le confronte inévitablement tout en percevant de plus en plus clairement qu’il n’obtiendra pas toujours tout de suite ce qu’il veut. Mais il le fait en sécurité sentant que sa contradiction est normale et respectée (donc aimée) et non pas dévalorisée. Le travail de l’enfant est ici en parallèle avec celui du parent qui doit apprivoiser ses propres contradictions réactivées éventuellement par la crise de son enfant. Je viens de décrire la méthode qui me semble idéale que j’essaye de suivre moi-même (pas toujours facile…).

Maintenant dans la même situation, je peux faire un autre choix et ne pas accepter la crise de mon enfant, autrement dit non seulement je lui impose mon point de vue (et pourquoi pas si cela me semble juste pour sa propre protection) mais je souhaite en plus qu’il adhère sans résistance (ce que l’on appelle « l’obéissance ») et donc je nie la contradiction dans laquelle il se retrouve naturellement entre ce qu’il ressent être son besoin et ce que je lui impose qui me semble juste à moi. Je nie le temps qui est logiquement nécessaire pour n’importe qui et a fortiori un enfant, pour qu’il puisse d’abord digérer sa crise et puis d’expérience en expérience percevoir et intégrer la valeur et le sens plus profond de cette règle que je lui impose. Ceci dans la supposition ou ladite règle a vraiment du sens, mais à un niveau qui n’est pas tout de suite accessible à l’enfant, donc à condition que cette règle ne soit pas un simple abus de pouvoir.

Si, lors de cette crise, l’enfant manifeste son mécontentement et que je ne l’accepte pas, je manifeste en retour mon propre mécontentement de parent fasse à son mécontentement. Malheureusement cela signifie que je suis en miroir avec lui et que je ne sais pas mieux faire que lui face à la frustration qu’il n’adhère pas immédiatement avec l’évidente validité de ce qui me semble juste à moi. Et si je rajoute un commentaire désobligeant, jugeant et dévalorisant cela devient pour l’enfant inconsciemment un message de type : « Cette crise qui manifeste en moi la contradiction intérieure dans laquelle je suis est nulle et non avenue, elle fait de moi quelqu’un de non aimable, je devrais adhérer immédiatement et je ne devrait pas vivre ou exprimer cette contradiction » ce qui est un paradoxe inextricable au vu de la réalité du fonctionnement humain. La suite rentre alors dans la logique de ce que j’ai décrit au chapitre I …

En résumé, la crise de l’enfant (souvent plus extériorisée) ou de l’adulte (souvent plus intériorisée) est une première réaction normale consécutive à la mise en face d’une contradiction intime entre un choix et un autre que nous n’arrivons pas à penser compatible. (je ne peux pas en même temps, ne pas prêter mes jouets et faire plaisir à mes parents…) Si j’obéis, j’écrase mon besoin premier (qui n’est pas moins légitime que celui de mes parents) et je suis donc en contradiction avec moi-même. Et si je fais le choix d’honorer d’abord mon besoin personnel intime, je reste dans une profonde contradiction. Cette contradiction voit s’opposer la valorisation que je viens de faire de mon besoin et la dévalorisation de ce choix par le système ambiant (règles, valeurs, parents…), système auquel je suis étroitement lié donc encore très dépendant puisque cela m’affecte plus ou moins fortement dans ma vie quotidienne. Ce que l’on appelle la « Culpabilité » manifeste l’importance de cette contradiction et la dévalorisation associée aux paroles et comportements (voire brimade..) de désapprobation auxquelles on a dû faire face. La puissance de ces contradictions dévalorisantes répétées, amplifiées et intégrées grâce à une série d’expériences répétitives, conditionnera la cohérence et l’équilibre avec lesquels je ferai puis je vivrai les différents choix de mon existence.

à suivre… « Culpabilité, comment faire avec? » Chapitre III

« Comment apprivoiser sa culpabilité? » Part II (en Video cette fois)

P.A.M