Le Dégoût! Comment faire avec? Chapitre III ( y compris le dégoût de Soi…)

 

Psychothérapie du Dégoût, Psychothérapie de la Culpabilité, Psychothérapie de la Dépression, Psychothérapie de l'Angoisse.
Pascal Acklin Mehri, Psychologue Psychothérapie Paris

 Le dégoût, comment faire pour l’apprivoiser?(Chap III)

Maintenant que vous avez lu les deux premiers chapitres (le Dégoût, à quoi ça sert?), vous êtes plus au clair avec l’intérêt qu’il peut y avoir à prêter un peu plus attention à vos ressentis de dégoût lorsqu’ils émergent à l’intérieur de vous. Parce qu’il s’agit d’un phénomène universel qui vient vous informer en profondeur sur un processus naturel capital qui va vous guider vers une plus grande connaissance, une plus grande conscience de vous-même et de vos besoins authentiques. Reste à savoir maintenant comment faire pour y prêter attention, et pour apprivoiser la sensation corporelle du dégoût, alors même qu’elle est en général, au début, plutôt désagréable, très désagréable voire  franchement insupportable…

1) Prêtez attention en toute sécurité en écoutant ce dont vous avez besoin comme conditions pour l’apprivoiser et le traverser dans les meilleures conditions possibles…

J’ai dores et déjà développé certains aspects de la méthodologie à suivre au Chapitre III de la question de l’Angoisse et Chapitre III de la question de la Culpabilité. Et de la même manière pour le dégoût, l’accueil se fait dans le corps une fois que l’on s’est placé(e) dans une situation suffisante de confort et de sécurité, avec dans le meilleurs des cas un accompagnant, sinon sans. Il suffit alors de se laisser traverser en portant la meilleure attention possible à chaque bribe de sensation, et le voyage commence. Et que se soit désagréable ou agréable, chaque événement sensoriel même le plus en apparence contradictoire, fait partie du voyage. Respecter vos rythmes personnels, si c’est trop insupportable, prenez un temps, une pause, acceptez que les décrochages, quelles que soient leurs formes (y compris toutes les interventions du mental qui cherche en général à vous divertir du pur ressenti en les interprétant ou en les jugeant constamment…). Tout ce qui vous arrive est OK, même de ne pas y arriver, faites pause et retournez-y plus tard dans ce cas. Apprivoiser veut dire « se rapprocher par aller-retour, par réduction progressive de la distance avec vos émotions les plus intenses ». De toute façon la répétition est une clé que vous pouvez soit décider volontairement, mais dans les meilleures conditions possibles, soit être condamné à subir avec toutes les répétitions intempestives de ces états désagréables, et ceci souvent dans les situations les moins propices, telles que vous aviez l’habitude de les vivre jusqu’à présent.  

Progressivement par l’augmentation de la durée de l’état d’attention consciente portée aux sensations corporelles (sans interprétations), cela peut suffire, quelque fois presque « magiquement », à en traverser les effets, comme on traverse une tempête. Ceci pour aller vers quelque chose de beaucoup plus calme par la suite, un lieu intérieur de plus grande sécurité avec la part de soulagement qui va avec. Comme je l’ai déjà dit, il pourra aussi être nécessaire de faire plusieurs traversées pour que les bénéfices s’installent plus durablement, mais vous verrez qu’à chaque fois vous devenez comme un jeune marin, toujours plus habile à la manoeuvre. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’accueillir ses émotions et les traverser ou se laisser traverser par elles est un processus qui renforce considérablement la confiance et l’estime de soi.

2) Prenez le temps de décrire le plus précisément possible ce que vous êtes en train de vivre dans votre corps et vos émotions, mettez une forme à vos sensations…

Dans ce processus d’écoute de Soi, il va être très intéressant, en même temps, de décrire ce qui se passe, pendant la durée d’entrée en contact attentif avec vos sensations corporelles, que ce soit par l’écrit ou par la parole, ou tout mode d’expression (dessin, musique…). Cela vous aidera à maintenir votre attention et à mettre des mots ou des formes sur ce que d’habitude vous subissiez sans jamais, jusque-là, avoir vraiment pris le temps de l’explorer. Chaque description, chaque métaphore ou mise en forme vous aide à reprendre un peu de maîtrise de ce qui se passe. Un peu comme si, au début pour commencer, vous mettiez enfin un drap qui lui donne forme, à cet invisible fantôme qui vous terrorisait. Désormais, il se peut qu’il vous fasse pour l’instant toujours peur, mais vous commencez à le localiser  et le « voir » plus clairement, et cela change quelque chose…

Pour la partie description verbale, comme je le pratique en thérapie, il s’agit en gros de trouver des images verbales (métaphores) qui permettent de mieux décrire donc d’apprivoiser le phénomène et de le partager avec quelqu’un. Par exemple, dans le cas du dégoût, si je ressens de la nausée, je ne m’arrête pas là, et cela peut devenir: « C’est comme si quelque chose restait bloqué dans ma poitrine ou dans ma gorge, quelque chose qui voudrait sortir et qui pousse dans toutes les directions de ma gorge ». Plus on y passe de temps et plus cela peut devenir plus clair, plus précis, laissez vous conduire par les mots qui vous viennent, par exemple: « C’est comme s’il s’agissait d’un gaz opaque dense et lourd, qui me pèse, c’est très désagréable, pas douloureux mais très gênant… »; et puis un peu plus loin, l’attention suivant l’évolution des sensations, la description devient encore plus claire: « Cela devient plus chaud, ça pousse avec un gout âcre et acide, je sens que cela me donne envie de vomir.. »; et puis encore un peu plus loin « Je ressens de la colère, et de l’impuissance, comme un blocage, une membrane, dans ma gorge, qui empêche que cela sorte… ». Notez qu’à chaque instant il peut y avoir des « va et vient » comme des formes de rapprochement ou d’éloignement avec les sensations ou émotions, ce n’est pas grave, c’est normal, votre organisme, votre psyché apprivoise par allers-retours… 

3) Où l’on peut passer des mots aux images, et des images à l’imaginaire inconscient…

Expérimentez par vous même, laissez vous un peu surprendre et voyez où cela vous mène. Et quand vous en êtes là de votre processus d’écoute, pour passer de la métaphore verbale aux images, il n’y a qu’un pas… C’est pourquoi maintenant nous allons développer ici un aspect complémentaire de tout ce processus d’écoute,  qui concerne le travail sur les représentations imaginaires en liens avec les sensations corporelles. Ces représentations imaginaires sont des productions de l’inconscient qui vous aident, si vous acceptez de vous laisser surprendre et guider par elle, à organiser et métaboliser, vers des possibilités de solutions, tous les processus corporels énergétiques et émotionnels par lesquels vous allez accepter de vous laisser traverser. Ce ne sera pas forcément le cas pour tout le monde, mais les images mentales qui vous viennent dans de tels moments peuvent devenir un formidable atout si vous ne forcez rien et que vous les laissez vivre et évoluer d’elles-mêmes. Par exemple, souvent quand la personne en face de moi est déjà dans le processus, je lui demande de laisser venir dans son imaginaire les images qui pourraient le mieux correspondre a ce dont elle à besoin au vu de ce qu’elle vient de me décrire de ce qui se passe dans son corps.

Si nous reprenons l’exemple lié au dégoût de tout à l’heure, au moment où le besoin de vomir se fait plus fort, cela pourrait donner par exemple :  » Je me vois en train de vomir toutes mes tripes, sur la table de repas familial, sur le pied de mon boss ou sur mon lieu de travail… ». Ici aucune image même la plus irrationnelle n’est malvenue du point de vue des bienfaits thérapeutiques et du soulagement qu’elle apporte, ainsi : » je me vois me transformer en une espèce de dragon et je crache du feu ou de la lave tout autour de moi ou sur une personne précise… ». Pour ceux qui ne l’ont pas encore vécu, vous n’imaginez pas comme cela peut faire du bien de se relâcher ainsi ouvertement dans son imaginaire. Bien sûr il se peut, du fait de culpabilités résiduelles plus ou moins importantes, qu’accepter de se voir emporter dans de telles scènes imaginaires, pourtant salvatrices, soit difficile au début. Il n’y a, là encore, rien à forcer, rien à plaquer, on laisse faire et cela vient ou cela ne vient pas. C’est de toutes les façons parfait, votre inconscient se fait toujours le reflet de là ou vous en êtes et il ne vous emmènera pas au-delà de ce que vous êtes en mesure d’assumer. Et s’il vous faut plus de temps et d’autres allers/retours, alors ainsi-soit-il. Par exemple, vos images intérieures, en accord avec vos émotions et ressentis, face à la même situation d’envie de vomir, peuvent devenir : » je me vois avec une sorte de bâillon en caoutchouc (ou tout autre matière…) qui me barre la bouche et une moitié du visage et rien n’arrive à sortir, je sens que j’ai du mal à respirer, j’ai l’impression d’étouffer… » alors OK, cette image a au moins le mérite de faire le Polaroïd de l’état des lieux, une mise en forme très claire de la problématique qui vous permettra enfin de trouver une solution un peu plus tard dans la séance, ou lors d’une autre tentative. Ce qui deviendra alors par exemple, à un autre moment : « Il y a des ciseaux qui apparaissent et qui coupent le bâillon, un énorme cri sort de ma poitrine et je vois comme un grand courant d’air qui balaye la scène sans blesser personne, cela me fait du bien, je me sens comme rassuré, beaucoup plus calme.. » etc.. il n’y a pas de limites à ce type de voyage, vous irez toujours là ou vous aviez profondément besoin d’aller, même si vous n’en aviez pas clairement conscience.

4) Essayez par vous même, il n’y a que le premier pas qui coûte…

Maintenant, vous avez les bases, le reste nécessite d’expérimenter par soi-même, à partir d’un dégoût, bien sûr, mais aussi pour n’importe quelle sensation ou émotion de départ. Je pourrais vous décrire à l’infini le type d’images et de descriptions qui viennent aux personnes et qui ne cessent de m’émerveiller tant le pouvoir créateur de chacun est ici à l’oeuvre dans sa très grande puissance de métabolisme, de guérison et de réconciliation avec « Soi m’aime ». Je développerai ailleurs la question des états de conscience modifiée qui peuvent accompagner de manière très naturelle ce type de travail. Ces états que l’on va résumer pour l’instant sous le terme de « transe », ne sont pas à craindre et, au contraire, sont capital pour l’évolution des personnes. Ce sont des états, que je préférerai personnellement appeler « états de conscience augmentée » et qui sont une porte extraordinaire sur des mondes inconscients qui n’attendent que notre exploration et notre ouverture d’esprit pour nous aider à mieux évoluer dans nos vies…

NB : J’ai parlé d’inconscient, mais comme je suis ouvert spirituellement à beaucoup de systèmes de représentation, vous pouvez, dans le type de travail que je propose, transposer tous les types de croyances personnelles qui sont les vôtres. Car peut-être bien que lorsque je dis que votre « inconscient » vous souffle les solutions (si vous acceptez de lui prêter attention), rien ne dit que ce qui souffle n’est pas ce que l’on appelle un Esprit, un Guide, une Entité, un Ange ou finalement tout simplement le « Principe Divin » qui est à l’oeuvre en chacun de nous. (à méditer…)

NB : dernière chose, et je vous laisse y réfléchir aussi… Dans mon expérience, il s’avère que la nausée, en langage « inconscient », est souvent l’alter ego de l’injonction intérieure « n’osez »…

P.A.M

à relire… A quoi sert le dégoût? Chap I