« Richard le Renard ». Conte pour l’enfant intérieur.

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Conte pour l'enfant intérieur.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18

Richard est un renard, un fin limier de l’adaptabilité. Depuis petit déjà il s’adapte, et trouve tous les détours pour suivre les chemins que l’école et la société ont dessiné pour lui. Sur le tableau noir d’une vie sans espoirs tout est déjà tracé. Et s’il veut être aimé il faudra bien suivre ce qui a été décidé. Puisqu’il n’y a pas d’échappatoires, puisqu’on l’oblige à y croire et à oublier ce qui le fait rêver, puisqu’il a des capacités, il apprend bon soldat, à se taire, à plaire et  à faire, tous ses devoirs.

Renard sans savoirs, il se perd petit à petit dans les couloirs de la réussite et de la gloire, pour le pâle reflet de la lumière enamourée des stars, du strass, et des médailles sans mémoires. En grandissant Richard à réussi, il gagne des millions, et cours de poules en poules pour sortir de la foule. Richard à le melon, la tête comme un oignon, gonflé d’un orgueil sans nom, il tourne et tourne en rond. Coupé de lui même, dans la drogue, l’alcool et le sexe sans fond. Et le reste du temps, il travail. Dans sa « Boîte » il fait de l’argent, et brûle, brûle, brûle, tout son talent.

Richard s’est marié, et à trois enfants qu’il ne voit pas car il n’a pas le temps. Il cours, il vole, construit de grands projets pour surtout ne pas s’arrêter et se mettre à penser à tout ce temps qui cours, qui vole et qui lui non plus ne s’arrête pas de filer entre ses doigts. La pause est insensée, pas le temps de respirer et surtout pas méditer, se retrouver, cette partie de Soi oubliée, si loin déjà dans son passé.

Depuis son accident pourtant, à cinquante ans, depuis que l’espace d’un instant, son coeur s’est éteint, et son corps impuissant est tombé sans frein. Depuis ce moment il comprend, lentement, que réver aussi c’est tentant, qu’il peut être ivre de vivre et avancer tout en même temps. D’abords en colère, pestant de ce qui lui arrive, sa dernière attaque lui a fait lâcher prise. La mort, puissant calmant, met la pause à toutes les hégémonies, toutes les volontés d’entreprises.

Alors forcé, il a saisi chaque moment de rab’, chaque supplément de souffle. Pas après pas, le mort redevient vivant et dans son corps pour la première fois, il tient de nouveau la main de cet enfant oublié depuis si longtemps. A chaque précieux contact, il parle à cet enfant et lui chuchote doucement, des mots durs et exigeants tout d’abords, longtemps. Puis petit à petits, des mots charmants et de plus en plus souvent. Il en a fallu du temps pour se retrouver, le temps pour se rebeller, pour ruer et se cabrer sous la charge des responsabilités imposées. Il en fallu du temps pour chuchoter plutôt que de hurler, du temps pour écouter plutôt que de bruler, du temps pour s’arrêter et regarder, sentir, jouer, plutôt que d’agir pour agir, sans raisons et sans buts profonds.

Richard est retourné dans son terrier, là ou sont ses racines et ses affinités, dans une terre chaude et protégée. La vraie sécurité d’une terre qu’il peut enfin apprendre à cultiver. Il ne sait pas encore ce qui va y pousser, mais il aime à imaginer, il a retrouvé la patience et la curiosité. Face à l’immensité, l’inconnu devient possibilités et la peur devient sérénité. L’agitation c’est enfin calmée…

P.A.M

A lire aussi « Gaspard le Hérisson » Conte pour l’enfant intérieur »

« Albert le Coléoptère » Conte pour l’enfant intérieur »

Contes pour l’Enfant Intérieur. « Albert le Coléoptère »

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Conte pour l'Enfant Intérieur, Albert le Coléoptère.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18

Contes pour Enfant Intérieur

« Albert, le Coléoptère »

Albert n’est pas très fier, c’est un coléoptère. Héritier d’une histoire qu’il voudrait qu’on enterre, il est le fils de son père, ce dont il ne sait que faire. Albert a honte de lui, de ses origines, de sa terre, la couleur de sa peau, la forme de son front, lui font vivre un enfer. Cette terre qui lui colle jusqu’au bout de ses pattes laissent des traces dans son coeur et sa peau écarlate. Albert a connu la misère et la guerre, arraché d’un pays dont il ne se souvient guère. Pour éviter la prison et les fers, sa famille est venu chez nous, en Charter.

Albert a tout fait, tous les métiers pour pouvoir étudier, pour ne pas démériter et pouvoir s’intégrer. Il a fallu se battre, au propre comme au figuré, contre les avis et tous les préjugés. Comment se faire aimer, lui, le déraciné ? Comment se laisser vibrer quand on est désaccordé ?

Albert est alarmé, toujours en danger, jamais vraiment protégé, il trouve dans la loi, les règles et son métier, le chemin qui le guide et lui évite de sombrer. Son dieu, il lui vient d’ailleurs, sa spiritualité apprise par coeur, celle qui le maintient droit lorsque les autres le raillent, celle qui le garde en vie quand tout autour déraille.

Albert est un fantôme, une fleur sans arôme, un enfant sans caresse qui s’abrite et se stresse, fait bien son boulot, pas de vagues et très peu d’eau. Enfant il a fui, un soleil, un pays, et depuis tout petit déjà, dans la survie, il fait taire ses envies et se préserve meurtri, tout au fond de lui. Derrière le miroir gris où il s’abrite, il ne donne plus rien à voir et garde à l’intérieur, ses origines, son esprit, ses espoirs et ses cris.

Après une dépression, il a touché le fond, plus possible de lutter, ou de travailler. Il a dû s’arrêter et se blottir en lui, tout contre lui, enroulé comme un bébé, s’écouter dormir et respirer. Ce bébé, ce beau bébé, cet enfant silencieux d’abord, puis bruyant, criant, turbulent, et puis après quelque temps, souriant, enfin, vivant, de nouveau vivant.

De plus en plus clair il s’est vu, nu, sans fardeau, le poids d’un héritage dissous dans de l’eau, beaucoup d’eau. Une guerre sans attaches qui ne lui appartient pas, des armes qui fondent comme des sucres au gré de ses larmes qui se fâchent, et une histoire, des bagages qui, petit à petit, s’allègent et se lâchent. Alors ses gênes sans gênes, sans obligations, désormais s’expriment, sans devoirs ni programmes, comme un musicien inventant ses gammes, libre d’improviser hors du cadre et de toute son âme.

Albert le Coléoptère ne peut plus se taire, à sa grande surprise il a découvert en lui une nouvelle terre. Un nouveau point d’appui, où il a repris le goût aux fruits de son pays, redécouvert les sons, la musique et l’écrit. Sa langue se délie, ses paroles s’envolent et son coeur rigole. Des racines dans les pieds et des ailes dans les yeux, Albert nous parle de Dieu. Celui des êtres libres et heureux. Il est devenu professeur et de la paume de ses mots transmet aux plus jeunes son histoire, ses blessures et ses baumes, ses théories les plus folles, sur la Vie, le Divin et les Hommes…

P.A.M

à lire aussi… « Gaspard le Hérisson »

Contes pour l’Enfant Intérieur « Gaspard le Hérisson ».

Ecouter l'Enfant intérieur. Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18

Parlez à votre Enfance et votre Enfant Intérieur par le Conte et la Métaphore.

Gaspard, le Hérisson.

Gaspard le Hérisson a un drôle de souci, il dit toujours non, il ne sait pas dire oui. Tous ceux qui l’approchent avalent des pissenlits, ils prennent des pics, jamais de merci. Gaspard n’est pas bavard, il préserve sa vie, ne veut pas faire d’erreur et ne veut pas d’ennui. Se tromper est un tort qu’il ne veut regretter, faire confiance est un luxe qu’il ne peut pas s’acheter. Il a déjà été blessé, et jamais non jamais il n’a recommencé.

Gaspard a peu d’amis, et pas de relations, il ne veut pas s’engager pour faire comme tous ces autres qui un jour s’enfuient et vont l’abandonner. Il avance dans la vie toujours à reculons, se méfiant des attentes et des contre-façons. Sans aucunes projections, il guette les réactions, de dépendre des autres il n’en est pas question. Gaspard le hérisson est rempli de soupçons, il est amer et connaît la chanson, qui dans la nuit le cueille et lui donne des frissons. Son corps est endurci de l’absence de caresses, son coeur est tout meurtri de l’absence de tendresse. Il ne peut rien offrir, il ne peut rien donner, il ne sait plus recevoir alors il encaisse… en silence comme lorsqu’il était petit…

Gaspard est avare, il cache en lui tout ce qu’il a de meilleur, tout ce qui lui fait peur. Jamais il ne parle vraiment, de tous ses pleurs en lui, ses besoins et ses cris, et toutes ses richesses aussi. Il porte dans son coeur une épine, un poison, que seul pourrait comprendre un autre hérisson. Mais personne ne l’approche, ces pointes et ses reproches ont déjà mis en broche ses amours et ses proches. Le voilà seul encore, il avait bien raison, l’amitié et le couple n’ont qu’un seul horizon, la fin est toujours proche, d’une dernière oraison. Enfant, il a connu le conflit et la séparation, des souvenirs effrayants chargés d’émotions qu’il ordonne en dedans, comme seul le fait un Tyran. Tout en lui est classé, trié, rangé, catalogué, il ne peut prendre le risque que quelque chose lui échappe, que quelque chose de nouveau ne le frappe.

Gaspard est sous la chope d’un petit dictateur, qui dirige ses désirs, ses envies et ses peurs. On lui a appris petit que tout est interdit, que Dieu est colérique et que la Loi punit. C’est forcément sa faute, tout le monde en convient, il doit vivre sa peine, ailleurs, ou très très loin. Mais Gaspard n’est plus d’accord. Au cours d’une thérapie, il choisit d’affronter toute sa tyrannie. Il plonge au fond de lui et découvre en son sein, en traversant sa peur, une étonnante surprise, un drôle de petit bambin. Un petit dictateur qui vit dans une prison, avec un casqu’à fleur et des épines en carton, un costume dérisoire, un pantalon trop long. Un petit hérisson qui s’étouffe et gémit, un tendre polisson hagard et démuni. C’est un enfant qui attend, de se voir enfin dans le miroir, comme il est, et non comme il devrait. Comme il joue, comme il danse, comme il chante, et non quelle est sa note, sa médaille ou sa rente. Gaspard décide qu’il est temps de rendre à ce tyran sa liberté d’enfant, et chaque jour il s’en rapproche, de plus en plus longuement.

Depuis peu Gaspard sort de son cafard, il découvre en lui le fripon qui joue, court et s’échappe, qui saute balourd écarlate, en criant des chansons, des jurons et s’éclate. La lumière fredonne et son coeur s’époumone, ses émotions vibrent, sa création résonne, il est temps de vivre et que son coeur chantonne. Il ouvre un oeil nouveau sur tout ce qui fait jour, et s’étonne du retour de l’amour qui l’entoure. Au hasard de rencontres plus heureuses, Gaspard se laisse enfin toucher par une vie plus joyeuse, il ouvre chaleureux la porte de son histoire, et c’est sans peurs et sans doutes qu’il peut alors y voir, en retrouvant sa route maintenant qu’il écoute et qu’il peut enfin croire.

P.A.M

(à lire… « Léon le Lion », Conte pour Enfant Intérieur)

Contes pour l’Enfant Intérieur. Polo Aime l’Eau !

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. "Polo aime l'eau", Conte pour l'Enfant Intérieur.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18

Polo est un manchot, il vit dans le Grand Pôle. Au cœur de l’hiver dans le fond de son âme, il se tient bien au chaud, avec pour seul compagnon son imagination. Polo est un rêveur, il vit au fil de l’eau. Sa tête est pleine d’idées, de refrains et de mots. À la source de ses rêves, quand il s’en va baigner, la chaleur sur sa peau lui fait tout oublier, ses ennuis et ses difficultés.

Polo aime l’eau, ce qu’il n’aime pas c’est la neige, le froid et les marches forcées. Sur terre, on rigole on bouscule et on crie, les vivas, les bravos, ça n’est jamais pour lui. Il se sent maladroit, bancal, de travers. Il n’est pas à sa place, il ne sait pas quoi faire.

Mais dans l’eau au fond de son cerveau, il est le plus rapide, le plus fort, le plus beau. Dans le lit de la mer, il est comme un joyau. Il peut se voir grandir dans le cercle des mots, en se balançant dans le berceau des flots. Dans ce ventre caché, loin des futilités, il cueille avec plaisir toutes les fleurs du temps pour s’en faire un bouquet qu’il offre à ses souvenirs.

Dans son cœur, dans sa tête, Polo est un poète. Il a l’air d’un marin, quant il met sa jaquette. Il rêve d’aventure et de pays lointains, en compagnie des vents et tous les goélands. Sur les plus gros bateaux qui vont en Amérique, il s’en va conquérir l’Asie et toute l’Afrique. Il fait mordre la poussière à ceux qui cherchent la guerre. Il est l’ultime héros, le seul, le vrai, l’unique. Dans le territoire des morts, il provoque les plus forts. À la pointe de ses rimes, il leur tord la tête, en fait des cacahuètes. Devant sa volonté tous n’ont plus qu’à plier, le ciel et l’univers n’ont plus qu’à se taire.

Il tutoie le dieu des mers qui le tient en haute estime. Marine est sa fille qu’il a séduite sans peine quand avec ses chansons il lui a dit « je t’aime ». Requins et marsouins s’écartent de son chemin, chez les pingouins du Sud on l’appelle « le Saint ». Polo a rencontré Sushi, le plus grand sage du monde, lors d’un de ses voyages. Ils se sont beaucoup écrit, ils se sont bien compris, ils sont devenus amis…

Mais Ici, dans la colonie, il ne sait pas pourquoi, personne ne le croit. À chacun de ses propos, on le traite de rigolo… « Rigolo Premier, Roi des Manchots ! », voilà le sobriquet qu’il s’est vu attitré. Pauvre Polo, pauvre manchot, si seulement il pouvait, dans sa tête et son cœur, les faire tous voyager. Alors ils verraient, alors ils sauraient… tous ses trésors cachés, tout cet amour masqué. Derrière l’image de ce grand maladroit, derrière ce nez pas très droit. Derrière ce ventre un peu dodu, et cette démarche un peu tordue. Sous ses petits bras un cœur bas… Un cœur de Vainqueur, un cœur de Seigneur, que quelques malheurs ont bloqué dans la peur. Polo n’a pas confiance, on n’lui a pas appris, il s’est élevé tout seul, sans un Grand, sans appui. Il s’est donc inventé une autre destinée en attendant qu’un jour on vienne le chercher.

Polo aime l’eau, mais ne sait pas nager. Il a peur de couler et ne peut qu’imaginer. Y faudrait pas grand-chose, arrêter d’l’ignorer, arrêter d’rigoler, et puis l’accompagner… Y faudrait pas grand chose, qu’il arrête de s’mentir, qu’il ose enfin sortir et qu’il y prenne plaisir, plutôt que de s’enfuir.

Polo n’est pas idiot, à bien y réfléchir, quelle que soit son histoire, il découvre depuis peu qu’il lui suffit d’y croire. Quelque part sans le savoir, il s’est déjà offert le plus beau des miroirs. Tous autour de lui, ils le savaient déjà, il pouvait être drôle et Roi, tout à la fois. Il n’a plus qu’à choisir et puis pour commencer s’il ne sait pas parler… se mettre à écrire.

Depuis qu’il sait tout cela, Polo est devenu très beau, il s’est même vu grandir, toujours au fil de l’eau. De très nombreuses oreilles aiment ce qu’il a à dire, il commence à plaire et devient même populaire. Plusieurs de ses voisines, veulent être sa copine, mais dans ses yeux, il y a Pola, quand elle est là, Polo, il a plus froid….

(à lire… « Gaspard le Hérisson », Contes pour l’Enfant intérieur)

Contes pour l’Enfant Intérieur. Sushi le poisson rouge d’Albanie !

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Contes pour Enfant Intérieur.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18

Sur le bord d’une fenêtre, Sushi le poisson rouge se tortille dans son bocal rond. Il est loin de chez lui, loin de sa maison en Albanie. De là-bas il a fui, loin des affronts et des ennuis, de ses amis aussi et de son ancienne vie. Il tourne en rond et se souvient de son copain Gaston le thon. Sacré blagueur, sacré bagarreur, Gaston de son cœur.

Sur un même cargo pêché du matin ils s’étaient rencontrés. D’avant cela notre Albanais n’a aucun souvenir. Dès le début, alors petit esturgeon, il avait trouvé protection sous la nageoire du gros poisson qui lui évitait les bastons, les coups de bâton. Dans les mêmes filets ils avaient ainsi traversé la Baltique. De là après un grand plongeon et une escapade rocambolesque, ils s’étaient réfugiés dans un cabaret miteux du port de Zagreb. Gaston y avait ses affaires, mais rien n’est gratuit, et pour survivre Sushi avait travaillé aux cuisines. Nourrir tous ces marins affamés n’avait pas été une mince affaire, il fallait donner de soi. Sur le registre du port, Gaston s’était fait passer pour un membre de  la  famille de Sushi, son Thonthon. Chaque jour pourtant il grandissait, ses formes rouges apparaissaient, le subterfuge disparaissait. Une sardine à l’huile de la police secrète lui fit des misères, une sale affaire. Sushi dut partir pour ne pas mouiller Gaston.

Le voilà de nouveau sur la route. Sur le chemin il croise Vanille une anguille, à peine plus âgée, il tombe amoureux, ils veulent vivre à deux. Son corps souple et interminable le rend fou, pour elle il donnerait tout. Alors il se perd, il veut la combler, elle l’aime mais elle ne sait pas l’arrêter. Pour qu’elle ne manque de rien, il se vend, par petit bout et n’est bientôt plus qu’une ombre rouge sans limites, un trou d’amour qui se vide. Vanille n’en peut plus, elle ne peut pas l’aider, elle doit le quitter, elle doit se sauver. Sushi doit faire seul le chemin pour se trouver. Sushi veut mourir, il ne sait pas où aller, vers qui se tourner ? Dans la Baltique il veut se noyer, mais les sardines veulent l’en empêcher. Elles disent que ce sont elles qui dirigent le port et que ce sont elles qui décident qui doit vivre ou mourir. Alors Sushi s’échappe encore une fois, il se jette à l’eau.

À quelques miles de là il est repêché par Toto le bigorneau, Sushi est inconscient. Toto est âgé, mais Sushi l’apprécie, il vit dans un rocher. Toto parle peu et ne pose pas de question, alors c’est tout seul qu’il finit par se les poser, tout seul à l’abri du rocher. Qui est-il ? D’où vient-il ? Toto a des enfants et des petits-enfants, et dans sa tête Sushi se souvient cet entêtant refrain que lui chantait quelqu’un… sa maman p’tèt ben ? Et son nom d’où est ce qu’il lui vient ? Toto n’a pas les réponses. Dans cette grande famille, quand tout le monde est là, grands-parents, parents, petits-enfants, Sushi se sent bien et mal à la fois. Alors Sushi fait des bêtises, il ne veut pas qu’on l’aime comme ça, sans savoir pourquoi, après quelques mois il s’en va, sans rien expliquer.

Aujourd’hui, Sushi n’est plus un enfant, après bien des errances il est indépendant et gagne sa vie comme poisson d’appartement. Il tourne en rond dans son bocal et se souvient, si jeune il à déjà tant vécu, Gaston le thon, Vanille l’anguille, Toto le bigorneau, et quelques autres encore. Ici rien n’est plus comme avant, il se sent seul abandonné et pourtant. De sa fenêtre il entend des rires, des chants et d’autres gens. Alors il comprend qu’il est temps, ses souvenirs sont présents, ils resteront toujours vivants, mais c’est ici et maintenant qu’il doit aller de l’avant.

Depuis quelque temps, Sushi est content. Tous les soir au « Bar de la Marre » il va retrouver, Emile le hareng, Jacquot le poulpe, Isis la méduse et Elias le homard, ils se racontent leurs petites histoires et leurs grands espoirs. Et puis il y a Jeannette la fille du patron. Comme lui c’est un poisson, elle est jolie elle vient du japon, elle a des réponses pour ses questions…

(à lire… « Polo le Manchot », Contes pour l’Enfant Intérieur)

Contes pour l’Enfant Intérieur. Léon le Lion!

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. "Léon le Lion", Conte pour l'Enfant Intérieur.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18

Léon est en colère, et ça va coûter cher. On m’a volé ! On m’a trahi ! Qui m’a fait ça ? Qui a osé ? Il beugle, il crie, il s’époumone. Il roule des yeux, il cherche à droite, il cherche à gauche, il trépigne sur place et veut le face à face. Il ne veut rien entendre, on doit lui faire justice, on lui doit satisfaction, des excuses et des explications. C’est inadmissible, inacceptable, quelqu’un doit payer et la note sera salée.

Léon est en colère et il en est fier, devant ses cris et ses pleurs tout le monde s’enfuit, tout le monde a peur. Léon va frapper si personne ne l’écoute, ses plaintes sont fondées, il refuse qu’on en doute. Au moindre retard, il est en pétard car ils sont tous de mèche, il va tout faire sauter, si personne ne l’empêche.

Léon est en colère et ça fait déjà longtemps, mais plus il grandit et moins on l’entend. Léon est en colère mais ce n’est qu’un enfant qui devient de plus en plus méchant. Autour de lui, c’est le désert il aimerait bien quelqu’un, quelqu’un qui le tempère. Dans ses rêves il est le roi, sans foi, ni loi, il ne tolère aucune absence. C’est dans l’obéissance qu’on lui doit le respect. Mais dans son berceau, entre ses barreaux, Léon n’est qu’un lionceau et c’est dans l’impuissance qu’il guette une réaction. Léon se voit beau, Léon se voit grand, pourtant il est amer le cœur en bandoulière. Il aurait pu devenir prêtre, dans un monastère, mais Léon est en guerre, il sera militaire. Armé de but en blanc rien ne pourra le faire taire, le plus grand des guerriers jamais connu sur Terre. Il ne souffrira pas, il n’aura jamais peur…

… mais pour l’instant il pleure, pourquoi ? Il ne sait pas.

Léon est en colère car il attend sa mère; Léon est sans repères, il a perdu son père. Ils ne reviendront pas et il ne comprend pas. Dans ses cris, sa fureur et ses mauvaises façons se tapit à tâton toujours la même question. La réponse est en lui et il ne la voit pas. Un petit qui se voit grand ou un grand qui s’oublit petit, quel que soit son présent Léon reste un enfant. C’est un petit garçon qui doit apprendre à faire avec les vraies raisons de l’insatisfaction. Car avant d’être le roi, avant de devenir père il doit apprendre à vivre une terrible leçon, avec ou sans sa mère, avec ou sans son père, Grandir est une Loi qui vaut même pour un Lion.

 (à lire… « Sushi le Poisson Rouge », Contes pour l’Enfant Intérieur)