A quoi sert la Sidération ?

Psychologue Psychothérapeute Paris, Pascal Acklin Mehri. Sortir de la sidération, sortir de la confusion.

La sidération impact profondément le fonctionnement psychique. Il y a comme un blanc, une suspension, une absence, dans le fonctionnement de la personne qui ne peut d’ailleurs pas en parler ou penser ce qui lui arrive jusqu’à ce qu’elle prenne conscience que cela lui arrive. Et le fait de ne pouvoir ni vraiment en parler ni vraiment penser ce phénomène revient pour l’esprit humain a le faire « inexister ». Ainsi la situation de sidération retourne périodiquement dans les limbes du refoulement car on ne sait tout simplement pas quoi en faire. Si la personne commence à prendre conscience du phénomène et prend le temps de connecter ce qu’elle ressent à ce moment là, alors elle peut ressentir aprés avoir dépasser l’apparente absence de sensation, que son corps est comme figé, tétanisé, quelque fois engourdi ou comme dans du coton, et d’autres fois comme si la personne toute entiére était hors de son corps. Ce qui se traduit dans tous les cas par une incapacité à réagir à une situation ou un type de situation.

La sidération, le plus souvent, se produit alors que nous sommes face à une situation traumatique. Puis, suite à ce trauma, la sidération peut être re-vécu même lorsque l’on est face à une situation apparemment anodine, mais qui reactive le souvenir inconscient d’un trauma du passé. Une situation est traumatique lorsque l’organisme de la personne n’est pas en mesure d’intégrer, c’est à dire de métaboliser dans son corps et sa psyché, le brusque et soudain afflux d’informations sensorielles et psychiques qui fait irruption de maniére totalement inhabituelle au moment des faits. On pense facilement, en terme de traumas, aux agressions, abus sexuels, viols, attentats, évênements de guerres, accidents violents etc. Mais en fait, peuvent-être aussi traumatisants une autre catégorie d’évenements cette fois plus diffus et d’exposition quotidienne, souvent plus silencieux aussi, comme peuvent l’être pour un enfant par exemple, l’exposition aux non-dits, aux silences chargés de secrets et autres interdits, présents en sourdine dans une famille ou un groupe social. Il est clair, que selon la maniére dont l’histoire parentale ou familliale s’organise autour d’eux, certains non-dit, tabous et interdits possédent un puissant potentiel d’injonction paradoxale.

Il faut préciser qu’une injonction paradoxale opére lorsque l’on fait face à un emmêlement d’informations verbales, sensorielles et représentationnelles qui place la personne face à des choix contradictoires qui lui deviennent alors impossible à faire. Typiquement, dans le cas d’agressions, le cerveau animal archaïque qui gouverne nos pulsions nous pousse à des comportements qui oscillent entre deux extrêmes, fuir ou attaquer. L’état de stress vécu alors par le corps humain lui sert à rendre possible cette fuite ou cette attaque. Se soumettre peut aussi etre un comportement possible et viable lorsqu’il permet de faire cesser l’agression et donc de relacher ainsi le stress. Mais que se passe t-il lorsqu’aucunes de ces options ne semblent possibles ou tout simplement viables ? Un enfant battu par ses parents ou soumis à de puissants tabous ou non-dits ne peut ni fuir ni attaquer du fait de sa situation de faiblesse et de dépendance affective et matérielle, voilà un type d’injonction paradoxale. D’une maniére ou d’une autre si je lutte je perds, si je fuis je perds, et me soumettre ne sera pas suffisant. Quoi qu’il fasse, le vécu de l’enfant est qu’il n’y a pas d’issues possibles. Une prise d’hotages ou un viol peuvent entrainer le même type de vécu paradoxal, lorsque quoi que je fasse, mon esprit ne perçoit aucunes issues viables. Je subis alors un état de stress interne profond qui ne peut aboutir vers aucun choix libérateur possible et aucune libération de cette accumulation d’énergie interne. Quellle que soit la menace, réelle apparente ou même quelque fois subjective, l’esprit réagit comme si il n’y avait plus aucune option alors que le corps continue instinctivement, dans un stress à durée indéterminée, à se préparer à une éventuelle solution. Une telle contradiction interne est d’une violence insoutenable pour l’organisme humain…

La Sidération, pour ces cas extrêmes est alors le choix ultime de l’inconscient, la dernière porte de sortie. Je ne peux pas fuir, je ne peux pas attaquer, mais je ne peux en quelque sorte que disparaitre et me déconnecter de tout ou partie de mes ressentis liés à l’évênement ou à la situation. Il ne me reste pas d’autre choix que de rester dans un espèce d’entre-deux, une sorte de position de standby, un gel sur place que l’on appelle la sidération. L’énergie du stress est, elle aussi, gélée, contenue et refoulée profondément dans la mémoire inconsciente du corps, en même temps que les sensations et les souvenirs auxquels ils sont rattachés. La personne devient étrangère, absente, amorphe. Il y a même certaines situations d’agression ou de viol où l’on peut croire que la personne est consentente car elle semble se laisser faire, ne pas se défendre, alors qu’elle est en fait en état de sidération, incapable de réagir.

L’inconscient étant en quelque sorte intemporel, la sidération permet de « faire passer » en s’absentant psychiquement hors le temps, si l’on peut dire, en attendant que les conditions évoluent sufisamment pour que je puisse enfin de nouveau faire un choix. La sidération est une sorte de mise en attente globale de la psyché et de l’organisme, qui fige l’instant traumatique et le refoule dans l’inconscient jusqu’a ce qu’une nouvelle maturité psychique permette peut-être plus tard, à la personne, d’en reprendre conscience avec l’opportunité d’essayer d’en sortir enfin. Le probleme étant que ce « plus tard » peut-être plus ou moins lointain et en attendant, faute de mieux, bien aprés le traumatisme lui-même, l’individu peut continuer à vivre, grandir et organiser sa vie, sans le savoir, autour de ce qui est désormais refoulé et profondément figé en lui. Quelque fois le phénomène est partiel, je me souviens des évènements, je peux même les nommer mais n’y sont plus connectées ni l’énergie ni les émotions.

Dans le cas des non-dits familiaux c’est le même processus sauf que l’injonction paradoxale intervient dans le fait de ressentir l’existence du trauma famillial mais avec l’obligation de ne pas en parler, de l’oublier et de faire comme si cela n’existait pas. Faire de ce que l’on ressent avec justesse, même confusément (surtout enfant), quelque chose qui ne doit pas exister ou être révéler, peut tout a fait entraîner une forme de sidération. Car, ce qui est figé pourra être enfoui ce qui permettra de vivre tant bien que mal dans ce climat famillial déléthère, malgré l’injonction paradoxal et son trauma sous-jacent.

Comment faire pour sortir de la Sidération ?

Pour sorti de la sidération il faut d’abord en prendre conscience bien-sûr, puis il faut accepter, avec le bon accompagnement, d’y re-rentrer. Y retourner volontairement se fait pas à pas et de maniére sensorielle en décrivant verbalement ce que l’on traverse pour le ré-aprivoiser progressivement. Ceci est délicat et se fait rarement en une seulle fois, car par essence cela implique de ressentir l’état et les conséquences d’un état traumatisant qu’on a pas pu digérer la premiére fois. Mais, par allers-retours progressifs dans cet état de sidération, la verbalisation des sensations dans le corps permet justement une remise en mouvement de la psyché, puis de la pensée. Comme le stress du corps a lui aussi été figé et bloqué à l’intérieur, la libération progréssive des émotions permet aussi la libération des énergies figées. Le cas échéant, les souvenirs éventuellements refoulées finissent eux aussi par remonter à la surface.

La sortie de la sidération entraîne le plus souvent l’entrée dans un autre phénomène plus ou moins intense: la confusion. Cette confusion est tout a fait normale puisque sortir de la sidération, s’est remettre en question et en mouvement une partie de son identité qui de manière invisible (inconsciente) c’était organisée autour de la sidération. Il s’agit quelque fois d’un profond remaniement des repéres sur lesquels on croyait fonctionner, d’où ce passage nécessaire de la confusion. Et tout comme la sidération, il va aussi falloir de la même manière, traverser et verbaliser sensoriellement (dans le corps) toutes les sensations liées à la confusion, pour pouvoir l’apprivoiser. En même temps que l’on traverse la confusion, et si le trauma et la sidération étaient liées à l’histoire familliale, alors remontent les questions et autres souvenirs restés jusque-là refoulé(e)s et sans réponses. Les questions s’accompagnent d’une liberation des ressentis et énergies émotionnelles associé(e)s. Au sortir de la confusion certains passages-à-l’acte, comme confronter sa famille ou ses agresseurs, semblent alors s’imposer comme la continuité logique de la sortie de sidération, et donc comme la possibilité enfin renouvellée de pouvoir agir de nouveau. Mais contrairement à ce que notre mental peut croire, se ne sont pas tant les réponses aux questions, que le fait de pouvoir enfin les poser et ainsi s’autoriser à ressentir toutes les émotions associées (qui se libérent en même temps avec ou sans les réponses), qui sont le signe d’un processus de libération en cours et donc d’une sortie de la sidération. Les réponses aux questions si elles adviennent ne sont que la cerise sur le gâteau…

P.A.M

What about Psychic Paralysis?

Psychologist Psychotherapist Paris, Pascal Acklin Mehri. Get out of psychic paralysis, get out of confusion.

Psychic paralysis has a profound impact on psychic functioning. There is like a blank, a suspension, an absence, in the functioning of the person who can not talk about it or think what happens to him until he realizes that it has happened to him. And the fact that we can’t really talk about it or really think about it, is for the human mind a way to make it kind of disappear. Thus, the event which has caused the psychic paralysis returns periodically to the limbo of unconscious suppression because we simply do not know what to do with it. If the person begins to become aware of the phenomenon and takes the time to self connect what he feels at that moment, then he may feel, (after having overcome the apparent absence of sensation), that his body is frozen, paralysed, sometimes numb, or like if he were made of cotton. And other times as if the whole person was out of his body. This, in all cases, results of what is happening in your body when you are facing an inability to respond in front of a drastic situation or type of situation.

Psychic paralysis, more often than not, occurs when we are dealing with a traumatic situation. Then, following this trauma, the phenomena can be re-lived even when faced with a situation apparently innocuous, but which reactivates the unconscious memory of a trauma of the past. A situation is traumatic when the person’s body is not able to integrate, to metabolize in his body and his psyche, the sudden influx of sensory and psychic information that bursts in a way totally unusual at the time of the event. It is easy to understand the possibility of a trauma in case of assaults, sexual abuse, rape, violent attacks, events of wars,  accidents etc. But in fact, there is another category of events, some times much less obvious, on a daily basis of exposure, as can be for a child, for example, the exposure to the unspoken, silent secrets charged with prohibitions or taboos, which can be as strongly omnipresent than they are strongly muted in a family or into a social group. It is clear that, depending on how the parental or family history is organized around them, some secrets or taboos have a powerful potential of a paradoxical injunction.

It should be pointed out that a paradoxical injunction operates when one faces an entanglement of verbal, sensory and representational information that places the person in front of contradictory choices that then become impossible to make. Typically, in the case of aggressions, the archaic animal brain that governs our impulses pushes us to behaviours that oscillate between two extremes, fleeing or attacking. The flow of stress experienced then by the human body serves to make this flight or attack possible. Submitting can also be a possible and viable behaviour when it helps to stop the aggression and thus relieve stress. But what happens when none of these options seems possible or simply viable? A child beaten by his parents or subjected to powerful taboos or unspoken secrets can neither flee nor attack because of his situation of weakness and emotional and material dependence. This is a type of paradoxical injunction. One way or another if I struggle I lose, if I flee I lose, and submitting will not be enough. Whatever he does, the child’s experience is that there are no possible viable outcomes. Rape or situation of hostage-taking can lead to the same kind of paradoxical experience when no matter what I do, my mind sees no viable outcomes. I then suffer a state of deep internal stress that can lead to no possible liberating choice and no release of this internal energy build-up. Whatever the threat, apparent, real or even sometimes subjective, the mind reacts as if there are no more options while the body instinctively continues, in a continuous flow of stress, to prepare for an impossible solution. Such internal contradiction is unbearable violence for the human body…

Psychic paralysis, for these extreme cases, is then the ultimate choice of the unconscious, the last way out. I can’t run away, I can’t attack, but I can kind of disappear by disconnecting from all or part of my feelings related to this traumatic situation. I have no choice but to stay in a kind of in-between, a kind of standby position, an on-site frost called psychic paralysis. The energy of stress is also frozen, contained and repressed deep into the unconscious memory of the body, along with the sensations and memories to which they are attached. The person becomes foreign, absent, amorphous. There are even certain situations of assault or rape where one can believe by watching the scene from the outside that the person is willing, because he or she seems to let himself be done, not defending himself, not fighting back, when in fact he or she is in a state of astonishment, completely stunned, unable to react.

The unconscious, being somewhat timeless, the psychic paralysis allows you to go through the traumatic event by taking you psychically away, like out of time so to speak, while waiting for the conditions to evolve sufficiently so that you’ll be able finally to make a choice again. Psychic paralysis is a kind of global « standby » of the psyche and the organism, which freezes the traumatic moment and pushes it back into the unconscious until a new psychic maturity may later allow the person to resume it, to become more aware of it, with a new opportunity to try to get out of it at last. The problem is that this « later » may be more or less distant and in the meantime, long after the trauma itself, the person can continue to live, grow and organize his life, without knowing it, around what is now repressed and deeply frozen in him. Sometimes the phenomenon is partial, I remember the events, I can even name them but they are no longer connected to either energy nor emotions.

In the case of the family secrets, it is the same process except that the paradoxical injunction intervenes when the feeling of the existence of a family trauma encounter the obligation to not talk about it, to forget it and to pretend that it does not exist. This peculiar paradoxical injunction can possibly lead to a form of psychic paralysis. For what is frozen can be buried which will allow the child to survive despite the paradoxical injunction and its underlying trauma.

How do I get out of psychic paralysis?

To get out of this « madness » we must first become aware of it, then we must accept, with the right accompaniment, to re-enter it. To return into it voluntarily must be done step by step on a sensory way by verbally describing what one is going through in order to gradually re-order it. This is delicate and rarely done because, in essence, it involves feeling the condition and consequences of a traumatic state that has not been digested the first time. But, by gradual going back and forth in this state of psychic paralysis, the verbalization of sensations in the body allows precisely a new movement of the psyche and then a renewed capacity of thinking the past traumatic events. As the stress of the body has also been frozen and blocked inside, the progressing release of emotions also allows the release of frozen energies. If so, any repressed memories may also come to the surface.

The exit from psychic paralysis most often leads to the entry into another phenomenon more or less intense: confusion. This confusion is quite normal since, to come out of this « frozen » situation, is moving a part of your identity that invisibly (unconsciously) was organized around the psychic paralysis. Sometimes it is a profound overhaul of some of the foundations on which we thought we were built, hence the necessary passage of confusion. And just like psychic paralysis, it will also be necessary by the same way, to cross and to verbalize all the sensations related to the confusion, to be able to travel through it. At the same time as we go through the confusion, and if trauma and psychic paralysis were related to family history, then the memories and questions connected that have been repressed and unanswered can be traced. The new questions are accompanied by a liberation of the feelings and emotional energies associated. At the end of the confusion, certain passages-to-act, such as confronting one’s family or its aggressors, seem to impose themselves as the logical continuity of the exit from psychic paralysis, and thus as the possibility finally renewed to be able to react again. But contrary to what our mind may believe, it is not so much the answers to the questions, rather the fact of finally being able to ask them and thus allow ourselves to feel all the associated emotions (which are released at the same time with or without the answers), which are a sign of an ongoing liberation process and thus an exit from stupor. The answers to questions if they happen are just the icing on the cake…

P.A.M.