Nous sommes nés avec une palette de couleurs émotionnelles qui nous permet d’appréhender le monde d’une manière infiniment variée. Le bébé le vit naturellement sans avoir à le penser, mais très vite au contact avec ses proches, sa culture, sa religion ou sa société, certains interdits se mettent en place. Ce ne sont pas forcément des interdits énoncés clairement, mais un enfant comprend vite si la manifestation d’une émotion va déranger ou au contraire déclencher de l’approbation. C’est alors qu’une grille de lecture du Bien et du Mal vient se greffer de manière plus ou moins profonde et plus ou moins dictatoriale selon notre histoire et notre contexte de vie.
Ainsi certaines émotions vont être comme progressivement estampillées, tatouées d’un symbole négatif qui entraîne leur mise à l’ombre chaque fois qu’elles se présentent. De là toute une série d’événements naturels pour l’enfant risque d’être refoulés, comme la jalousie, la frustration, la colère, la haine, la honte… car elles ne sont suivies en général d’aucun accompagnement positif.
Imaginez un ballon intérieur qui se remplirait au fur et à mesure où, au lieu de trouver une voie de souffle et d’expression vers l’extérieur, les émotions s’accumuleraient en nous. Car c’est bien ainsi que ce construit notre part d’ombre, par accumulation cachée de tout ce qui n’aurait pas le droit d’aller vers la lumière, c’est-à-dire d’être exprimé au grand jour.
Un réservoir trop plein, un barrage prêt à craquer demande avec les années qui passent beaucoup d’énergie à contrôler, et cette énergie perdue à tenter de museler une partie de Soi-même peut être la cause d’un grand nombre d’effets secondaires, allant de symptômes corporels, en passant par des blocages de vie, jusqu’à la dépression.
Cela peut aller dans certains cas jusqu’à nous transformer en une cocotte-minute pouvant à chaque instant imploser à bas bruit (maladies diverses, burn out et/ou dépression…) ou exploser (déflagration de colère, de violence ou de larmes incontrôlées par exemple…)
Le travail thérapeutique ici, dans un cadre enfin non jugeant et non moralisateur, consiste à rétablir le contact et l’équilibre entre l’ombre et la lumière. Il s’agit de ne plus continuer à les traiter comme deux entités opposées, mais comme parfaitement liées l’une à l’autre. Anges déchus ou Ange de lumière deux devenirs d’une même source pure que sont les émotions de l’enfance avant qu’un jugement castrateur ne vienne se poser sur celles-ci.
(à suivre… « Nos émotions entre ombres et lumières » Chapitre II)
A voir aussi… « entre le Sorcier et le Guérisseur, la Voie du Thérapeute »