A quoi sert la Dépression ? Chapitre II.

Psychothérapeute Dépression Paris. Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

La Dépression, Chap II.

Or une des raisons pour laquelle le phénomène s’enferme dans le temps est justement parce qu’il n’est d’emblée pas accepté, et souvent pas acceptable. C’est souvent le cas socialement car le moment de dépression est vécu comme un moment de faiblesse et de vulnérabilité qui est donc aussi mal vu. Ce à quoi se rajoute la peur d’entrer dans quelque chose dont on craint que cela ne fasse qu’empirer les choses, et on peut même fantasmer de devenir un grand déprimé chronique comme on en a vu dans notre entourage ou comme on en parle dans les journaux. Dans les cas de situation de survie immédiate sur une longue durée (la guerre par exemple..) il n’est tout simplement pas possible de vivre son moment de dépression tranquillement, et plus tard, lorsque la situation est enfin plus calme, on peut avoir enterré beaucoup trop de choses pour laisser émerger la souffrance, la tristesse et la dépression.

L’individu lutte contre le processus de dépression et refuse secrètement son avènement plus complet qui, même s’il amènera son lot de turbulences intérieures, est le seul moyen d’arriver à une plus grande harmonie pour continuer son chemin de vie. On trouve alors un type de personne qui n’en a pas forcément l’air, mais mène, même sans le savoir, une lutte quotidienne contre la dépression, cet événement si hautement inacceptable. Pour certains il se peut que l’effondrement se produise alors soudainement enfin à un moment inattendu qui les rend particulièrement démuni et les fait entrer dans un processus qui déraille et qui se renforce par le fait qu’il produise encore plus d’inacceptable…. cela devient un cercle vicieux, plus je lutte contre ma dépression, qu’elle soit manifeste ou refoulée silencieusement en moi, et plus je la renforce car s’opposer à un phénomène naturel aussi capital que celui-là peut devenir avec le temps hautement contre-productif.

Quelquefois encore, la personne est de plein-pied dans sa dépression, elle a donc déjà franchi un cap et fait une partie du chemin mais ne peut pas « en sortir » et aller plus loin. Car sans accompagnement conscient le sens de cette dépression lui échappe et au lieu de servir à préparer le printemps, c’est un hiver éternel qui s’installe et rentre en résonance avec un usage croissant d’antidépresseurs. La personne reste bloquée dans sa souffrance et dans cette pause qui n’en finit plus de durer, car sinon cela signifierait une acceptation plus globale de sa situation de vie, et de ce qui lui arrive, de certaines impasses ou traumas dont il faut prendre conscience, et quant il s’agit de mort, de maladie ou d’abandon, il s’agit par excellence souvent de phénomènes hautement in-digestibles dans notre société. Certains traumas sont encore plus profonds, quelquefois intra-utero, voire transgénérationnels, ce qui rend pour la personne le passage vers autre chose encore plus difficile surtout quand du coup elle ne sait pas vraiment de quoi elle serait censée faire le deuil.

On le voit, « sortir » d’une dépression n’est pas ici une question de volonté, personne n’a consciemment envie de rester en dépression. Il s’agit avant tout d’une question de cadre (historique, social, culturel, religieux) et d’accompagnement. Accepter la dépression comme phénomène naturel peut changer la donne et permettre non plus de lutter contre, mais plutôt d’essayer de comprendre pourquoi le phénomène se maintient sans pouvoir se réaliser et s’accomplir normalement. C’est un peu comme si on entrait dans l’hiver, événement naturel des cycles de la vie, sans pouvoir le traverser pour arriver normalement aux portes du printemps. On ne lutte pas contre l’hiver, on l’accepte, on l’apprivoise et on le traverse…

La différence se fait alors non seulement dans le fait de pouvoir enfin sereinement vivre sa dépression, sans contrainte, culpabilité et tabou, mais surtout de le faire dans un cadre et dans un partage qui l’autorisent et l’accompagnent comme un phénomène initialement naturel et nécessaire, qui s’est transformé en un mécanisme vicieux qui tourne à vide et est particulièrement dispendieux en énergie vitale.

(à suivre… « la dépression » Chapitre III)