A quoi sert l’Angoisse? Chapitre II

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Psychologie de l'angoisse, Psychothérapie de l'angoisse.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

Comment traverser la « Crise » d’Angoisse? Chapitre II

L’angoisse, si on la fuit, si on la mate (avec des médicaments par exemple…), si on la refoule, ou même si on arrive momentanément à la calmer (avec de la relaxation ou un travail sur la respiration par exemple…) cette angoisse est susceptible de resurgir à n’importe quel moment de manière inopportune et déclenchée par des scénarios répétitifs souvent « irrationnels » comme ceux liés à la jalousie par exemple, ou encore liés à certaines phobies, de lieux, d’objets, de situations ou d’événements précis qui ne sont pas toujours possibles à éviter. Quelquefois il est même impossible de relier les crises à quoi que ce soit d’apparemment déclencheur, ce qui nous laisse dans un désarroi et une non-maîtrise encore plus totale.

C’est un peu comme si vous viviez en permanence sur une croûte de glace qui menacerait de céder à la fois à tout instant, et en même temps par intermittence puisque la croûte se reforme après la crise. En effet, les crises, quels que soient leur fulgurance et leur niveau de violence, finissent toujours par passer d’une manière ou d’une autre. Et même si l’on a l’impression que l’on va mourir ou que quelque chose de gravissime va arriver, si l’on ne fait pas de passage à l’acte dangereux pour soi-même, l’angoisse elle même ne tue en général personne et vous vous retrouvez toujours à chaque fois vivant à la sortie du tunnel.

C’est là que peut intervenir une autre manière de percevoir le phénomène de l’angoisse

Au moment où la glace craque (quelle que soit la raison apparente) et que votre pied traverse cette couche froide pour s’enfoncer inexorablement dans un trou semblant être sans fond (sur le moment), vous glissez, et vous perdez l’équilibre en parallèle avec une peur grandissante pouvant aller vers une éventuelle panique. Pourtant c’est aussi un moment qui vous apprend quelque chose. Cela pourrait vous faire prendre conscience que, si la crise est violente, c’est aussi parce que vous marchez, même sans vous en apercevoir, en permanence et peut-être depuis longtemps, sur une couche de glace et non pas sur une sol intérieur plus solide. Or quand le pieds traverse, c’est peut être donc aussi qu’il est à la recherche de ce sol plus solide qui existe quelque part un peu plus loin, un peu plus bas sous cette glace.

Ainsi, si la crise vous amène momentanément et par intermittence à un niveau 10 sur l’échelle de l’anxiété, vous pouvez commencer à prendre conscience que cela veut aussi dire que vous êtes en permanence déjà à un niveau 2 ou 3 d’anxiété et de stress, comme un fond sonore invisible qui vous accompagne dans votre vie quotidienne, comme une habitude, tout au long de vos journées et même de vos nuits. Ce que je suis en train de dire c’est que lorsque l’on est sujet à des crises régulières d’angoisse, c’est aussi souvent que l’on a en permanence les pieds sur une couche intérieure glissante et instable éloignée d’un sol plus solide, de la terre ferme et stable. Et ce n’est pas la même chose de devoir faire face à une rafale de vent quand on repose sur un sol glissant (anxiété de départ et de base à +3 en permanence) que si l’on a les deux pieds ancrés sur un sol ferme (anxiété de départ normale à 0).

Cette perception des choses implique que chaque crise est à la fois une mise en évidence de cet état d’être anxieux de départ (que vous le perceviez ou non…) et en même temps une tentative maladroite de rechercher dans la détresse, à tâton dans le noir, ce sol intérieur solide qui existe quelque part sous cette couche de glace sur laquelle vous circulez dans votre vie. Si je pouvais traverser la crise plus sereinement non pas en luttant contre, mais en cherchant à l’apprivoiser, je pourrais alors laisser mon pied finir son voyage, toucher la terre ferme et décider alors que c’est en définitive exactement là où j’ai envie d’être, non pas sur cette couche de glace dont je comprenait mal l’existence, mais sur ce sol intérieur plus ferme, plus accueillant que la crise peut me permettre d’explorer.

Le point culminant de ce que je vous expose ici, c’est que pour explorer et apprivoiser la crise d’angoisse et son potentiel d’apprentissage de Soi, il est nécessaire de pouvoir le faire dans un espace de sécurité qui, s’il n’est pas encore présent pour vous (c’est ce que vivre sur une croûte de glace veut dire…), peut être trouvé d’abord à l’extérieur, notamment dans un espace thérapeutique qui servira de base à cette exploration. Il s’agira alors de vivre sa crise d’angoisse avec toute l’insécurité qu’elle met brutalement en évidence, mais de la vivre dans un fauteuil en toute sécurité avec un accompagnement qui comprend et peut accueillir le phénomène pour permettre de le traverser et d’accueillir la destination intérieure plus stable qui vient avec cette traversée apprivoisée.

Nous verrons dans le prochain chapitre comment cet accueil se fait dans le corps et dans le partage thérapeutique, et surtout vers quel bien-être cela peut amener…

(à suivre… « À quoi sert l’angoisse » Chapitre III )

P. A. M

N.B. : Notez que je ne dis pas que les médicaments ou la relaxation, ou même le sport, ne sont pas utiles, ce sont des outils qui permettent de faire face momentanément. Mais quand ce qu’il y a derrière l’angoisse est trop important, ces outils bien que complémentaires deviennent insuffisants à eux seuls.