Comment faire Avec votre Angoisse ? Chapitre III
À un certain moment il faut considérer l’angoisse comme une alliée, qui détient une somme d’informations qu’elle cherche à nous délivrer; moins on veut l’écouter, plus on veut la fuir, et plus elle va se faire entendre, car les messages en question sont capitaux pour la conduite de notre existence. (Bien sûr s’écouter est, pour beaucoup d’entre nous, quelque chose qui doit patiemment se réapprendre…) Du coup ce qui pourrait passer en douceur, si notre écoute de nous-même, notre bienveillance pour nous-même était au niveau adéquat, va devenir une sirène qui nous crie douloureusement dans le corps qu’il est temps de ne plus faire la sourde oreille….
Écouter son angoisse, c’est tout le contraire de la subir en espérant qu’elle se taise le plus vite possible. Mais, pour écouter son angoisse, deux conditions de base sont nécessaires :
- Un minimum de prise de conscience qu’il y a bien quelque chose à entendre derrière le bruit apparent. Ce qui implique la volonté d’aller explorer dans une attitude très différente beaucoup plus proche de la curiosité que de la peur, la fuite, la tétanie ou la lutte.
- Un espace de sécurité suffisant (condition sine qua non!) pour pratiquer cette exploration dans les meilleures conditions possibles. Il faut pour cela un temps et un lieu où vous ne serez ni en danger, ni dérangé, ni jugé, ni en obligation d’action quelle qu’elle soit. Si vous pouvez en plus partager en vous sentant sereinement accompagner vous avez alors la clef maîtresse de ce qu’est une psychothérapie.
Le travail se fait alors comme une exploration spéléologique dans le partage, la parole et la descente de plus en plus profonde dans les sensations du corps, quelles que soient ces sensations même les plus désagréables. L’on revit en général de l’intérieur, assez facilement, son angoisse rien qu’en évoquant à son esprit la ou les situations anxiogènes. La différence avec ce que l’on subit habituellement s’est qu’on le fait ici volontairement, loin de toute réalité factuelle anxiogène et sans qu’il n’y ait aucune conséquence particulière autre que la possibilité d’apprivoiser tranquillement les sensations dans le corps. Quand je dis « pas de conséquences particulières », cela implique que vous n’avez pas à supporter en plus ce que ces crises peuvent habituellement entraîner dans la relation avec les autres. Ni leurs réactions de protection, ni leurs incompréhensions, ni leurs peurs ou leurs violences réactionnelles, ni leurs indifférences, ni même vos tentatives éventuelles de cacher vos crises pour vous protéger ou les protéger de toutes ces conséquences réactionnelles.
Ensuite seule l’expérience peut vous aider à comprendre de l’intérieur les résultats et l’intérêt de ce dispositif d’écoute thérapeutique. En effet, il n’est pas simple d’expliquer ce que l’on retire de ce type d’écoute et de partage dans son corps, car c’est un peu comme tenter de décrire le goût d’une pomme, le seul moyen de savoir s’est d’essayer. Dans notre cas c’est seulement essai après essai, étape par étape, que l’on va percevoir le changement progressif mais radical que cela peut entraîner..
Par cet apprentissage et quelques années de parcours personnel (temps nécessaire à la maturation profonde de ma compréhension du phénomène), les monstrueuses boules de pétanque qui habitaient régulièrement le plexus de mon adolescence sont devenues de douces petites alertes qui sonnent aujourd’hui comme une sorte de chatouillis, qui se dissout définitivement dès que mon attention s’aiguise à leurs messages. Aussi incroyable que cela puisse paraître cela peut véritablement devenir un jeu, une excitation et même un plaisir quand l’expérience se propose à partir de cette disposition d’esprit.
Angoisse et Ouverture du Coeur !
Récemment j’ai même découvert en entrant plus profondément dans ces petites alertes d »angoisse » qu’elles se traversaient comme une porte et s’ouvraient non seulement sur un sentiment de plaisir, mais aussi potentiellement d’Amour avec un grand « A ». C’était une découverte surprenante, supérieure, profonde et déstabilisante après coup. Je n’ai connu cette ouverture du coeur par l’écoute de l’angoisse qu’une seule fois il y a un an environ et je perçois bien que c’est encore pour moi une étape que je freine à franchir de nouveau. Car comme je l’ai dit cela est déstabilisant et surtout cela change tout… C’est donc une voie que j’ai encore besoin d’explorer, mais il s’agit clairement d’un voie royale et il se pourrait bien en définitif que ce que l’on appelle « Angoisse » soit en fait un puissant message contrarié, refoulé, interdit, rejeté, repoussé, d’Amour pour Soi, la quintessence même de l’Estime de Soi!
à relire… « Qu’est ce que l’angoisse » Chapitre I
P.A.M