Culpabilité, comment faire avec? Chapitre III

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Psychothérapie de la Culpabilité
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18. Travail Emotions Culpabilité, Anxiété, Angoisse

Culpabilité, Chapitre III

Comment traverser la crise de culpabilité?

Si vous avez bien lu les deux précédents chapitres, vous voilà un peu plus conscient que vos crises de culpabilité manifestent en fait des niveaux plus ou moins intenses de la contradiction émotionnelle interne dans laquelle vous êtes. Ceci, face à un choix, une décision ou un positionnement. Une fois que vous savez cela, alors comment faire? Comment traverser ces crises de culpabilité?

Une chose est sûre, face à une contradiction interne, la crise est inévitable et il faut partir du principe que lorsqu’elle arrive, il vaut sincèrement mieux faire de son mieux pour l’apprivoiser et la traverser, plutôt que désespérément essayer de lutter contre ou la mater (ce qui l’obligera à revenir plus tard, de manière répétitive et renforcée). Ces crises et leurs dépassements sont en fait la saine et véritable manifestation d’un passage à la maturité, non plus comme un adulte formaté, mais comme un être humain capable de se remettre en question, de prendre un recul sur ses émotions en acceptant de toutes les vivre comme importantes, qu’elles soient agréables ou désagréables. Bref, tout cela pour nous permettre d’aller à chaque fois vers un être humain un peu plus évolué…

Alors voilà, dès que l’on accepte de reconnaître puis de regarder en face sa contradiction/culpabilité, les choses peuvent enfin commencer à changer. Il s’agit en fait, en y apportant l’attention nécessaire, de commencer à passer petit à petit d’une philosophie de « l’un OU l’autre » à une philosophie de « l’un ET l’autre« . Pour cela, la porte de passage est très simple à emprunter, mais pas toujours agréable dans un premier temps. Il s’agit de mettre enfin votre attention sur ce que vous appelez « culpabilité ». C’est-à-dire, avant tout, quelque chose qui est en train de se passer dans votre corps et qui, justement, tente plus ou moins intensément d’attirer votre attention. Certaines techniques thérapeutiques modernes comme NERTI ou TIPI sont une forme pratique et efficace de ce que je suis en train d’expliquer ici. Prêtez attention à ce que le corps est en train de vous dire et le travail de métabolisme naturel du corps (la brillante intelligence du vivant) va pouvoir reprendre sa capacité bloquée dans l’enfance ou l’adolescence à métaboliser et à digérer les émotions restées depuis si longtemps agglomérées en vous.

Pour cela, soit au moment de la crise, soit après coup en y repensant, il faut d’abord se mettre en situation de « sécurité » pour pouvoir écouter son corps (et donc s’écouter « Soi-m’aime ») dans les meilleures conditions possibles. La notion de sécurité est très relative à chacun, et pourra par exemple impliquer d’être accompagné dans cette expérience, au moins au début, par une personne bienveillante et expérimentée. Mais ce n’est pas une obligation et le phénomène pourra aussi bien fonctionner en le pratiquant seul. Laissez-vous guider par votre intuition pour savoir quelles sont vos besoins spécifiques pour vivre cette expérience dans les meilleures conditions possibles. Maintenant, de manière assez générale, pour se laisser traverser par des sensations qui sont souvent au départ désagréables, il faut être « confortable », c’est-à-dire bien installé et suffisamment isolé de toute interaction intempestive. Une fois que cela est fait, il vous suffit d’accepter de vous laisser guider par vos sensations corporelles qui sont le support de votre « culpabilité » et qui manifestent vos émotions contradictoires.

Ces émotions qui semblent au début irréconciliables doivent être écoutées tout d’abord dans le brouhaha indistinct qu’elles manifestent au travers de la crise de culpabilité. Ici, chaque sensation est digne de respect et d’attention, la boule dans le ventre, le noeud dans la gorge, les contractions musculaires, les contractures, les brulures, les picotements divers et variés, les mains moites etc. Quoiqu’il vous arrive, y compris le coeur et les poumons compressés, voire la suffocation pour certaines personnes, il s’agit d’une tempête à traverser mais qui d’expérience avec le temps se résout toujours par un soulagement et un bien plus grand calme intérieur. Votre inconscient est toujours aux manettes il ne vous fera pas vivre ce que vous n’êtes pas en mesure de traverser. La plupart du temps vous connaissez  déjà bien la première étape des sensations de culpabilité mais vous n’êtes jamais allés au-dela car la réaction a toujours été la fuite ; et soit vous réussissiez à refouler, soit vous restiez coincé(e) dans la durée dans cette première intensité désagréable.

Cette fois, l’idée, c’est de rester et d’explorer la tempête comme le ferait un bon scientifique en ne faisant que recueillir et accueillir les faits, ceux des sensations du corps (laissez tomber les interprétations intelligentes ; et, si votre mental s’invite, ne l’empêchez pas, mais essayer juste de le regarder comme une vache regarderait un train passer…). Sachez qu’il vous est possible d’interrompre l’expérience à tout moment si cela vous semble nécessaire, vous y reviendrez plus tard ou une autre fois si les conditions sont plus favorables (il vous suffit de refaire tout naturellement ce que vous aviez l’habitude de faire avant pour « échapper » à cette culpabilité). Les premiers essais peuvent être les plus difficiles, mais chaque contact conscient avec le phénomène vous en apprend un peu plus sur lui, vous le rend moins impressionnant et vous permettra à chaque pas d’entrer un peu plus en lui. C’est-à-dire en vous-même et donc de l’apprivoiser un peu plus. Il ne s’agit pas d’une compétition ou d’un forcing, il faut accepter qu’à chaque jour suffit sa peine, et si vous tombez sur une limite qui vous semble indépassable sur le moment, lâchez l’affaire, c’est le mieux que vous puissiez faire aujourd’hui. Notez que c’est souvent aux endroits où cette méthodologie bloque lorsque vous la pratiquez seul qu’il peut être nécessaire de la pratiquer accompagné par quelqu’un qui connaît déjà le chemin et qui l’a déjà pratiqué.

Avec un accompagnement bienveillant et suffisamment expérimenté, il vous suffit cette fois en plus de ce que vous faisiez seul de partager votre expérience sensorielle en décrivant chacune des sensations que vous percevez, en restant le plus descriptif possible (c’est-à-dire ancré(e) uniquement dans votre corps) et le moins interprétatif possible (c’est-à-dire le moins dans le mental possible). La description et le partage, au fur et à mesure de ce que vous découvrez en vous-même lors de votre traversée, aide à soutenir votre attention sur vous-même. Et c’est cette attention sur vous-même, qui est le moteur et le fuel dont votre corps a besoin pour développer sa capacité d’autoguérison. Dans le cadre thérapeutique que je propose, je rajoute, la possibilité de laisser vos images intérieures (liées plus à votre imaginaire qu’à vos pensées…) vous guider, en même temps que vos sensations, vers l’élaboration de solutions inconscientes qui accompagnent la résolution de vos contradictions internes (je développerai cela ainsi que la question d’une éventuelle transe hypnotique additionnelle, dans de prochains articles..). Ce type de travail est axé sur les ressources naturelles de votre corps/psyché, et ne nécessite absolument aucune réflexion intellectuelle sur l’origine historique de vos contradictions internes, ni de connaissances techniques particulières sur les processus psycho-biologiques mis en oeuvre ici. Même si il est possible que vous passiez, par ailleurs, quand même, incidemment dans ce processus, par des prises de conscience clairvoyantes sur votre situation de vie personnelle.

Que vous pratiquiez seul(e) ou accompagné(e), le résultat, essai après essai (souvent dès la première fois) est le rééquilibrage interne, la réconciliation émotionnelle (le fameux « l’un ET l’autre » dont votre psychisme a besoin pour avancer…). C’est le moment où, symboliquement, sans que vous ayez réellement besoin ensuite de dire le moindre mot, l’enfant intérieur se relève et fait face à l’autorité (parents ou société). En continuant à lui prêter cette attention qui le porte, cet enfant en vous, peut alors enfin assumer de faire comprendre qu’il ou elle ne fait pas ce qu’elle fait, ou qu’elle a besoin de faire, pour nuire, faire du mal ou désobéir, mais parce que c’est son intuition profonde que c’est le meilleur choix pour lui-même, que c’est par ce chemin d’expérience qu’il doit passer et que s’ils l’aiment comme lui les aime, ils l’accompagneront du mieux qu’il peuvent dans sa réalisation, et sinon, il ira de toute façon là où il doit aller car il ne peut peut pas en être autrement…

Sortir des dualités contradictoires qui nous bloquent est ce que l’on fait naturellement et régulièrement dans tous les endroits où l’on ne ressent justement plus de culpabilité, car on ressent de manière beaucoup plus claire la justesse de  ses choix ou de ses actes (à ne pas confondre avec les personnes qui se coupent de leurs ressentis et dont certaines peuvent aussi se couper de toute culpabilité…). Hors, comme toute « dualité », les oppositions intérieures que nous vivons entre nos représentations et nos émotions, entre nos émotions elles-même, sont essentiellement issu de l’hypertrophie et de la dictature de notre mental. Celui-ci ne pourra donc pas  vous aider à résoudre des problèmes qu’il a lui même participer à créer. Sortir du mental par le biais de l’écoute du corps est donc la solution rêvée et naturelle pour accueillir sa culpabilité et lui rendre, par l’attention qu’elle mérite, un peu plus de cette bienveillance qui seule peut lui redonner consciemment sa capacité à nous informer et à nous guider vers des seuils nouveaux de notre évolution personnelle.

Bon voyage!

P.A.M

A relire : »Culpabilité à quoi tu sers? Chap I »

Culpabilité, à quoi tu sers? Chapitre II

Thérapie de la Culpabilité. Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Apprivoiser sa culpabilité.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

CULPABILITÉ, Chapitre II : « Naissance d’une puissante contradiction interne »

Entendons-nous bien si je dis que la crise est « saine », c’est qu’elle manifeste de manière tout à fait normale, au début de la vie de l’enfant, la contradiction entre ce que lui veut et ce que veut l’environnement. Ceci est inévitable quelle que soit la qualité de l’éducation donnée à son enfant. Et ceci restera valable pour l’adulte en grandissant, tant qu’il n’aura pas trouvé mieux pour faire face à ses équations intérieures contradictoires, il traversera lui aussi des crises. Le problème n’est donc pas la crise elle-même, ni le fait que, bien sûr, il n’est pas possible d’adhérer immédiatement à tous les « je veux » de nos progénitures pas plus qu’à ceux de l’adulte. Le problème de la culpabilité commence lorsque s’intercalent dans le phénomène naturel de l’opposition et de la crise, les considérations morales jugeantes et dévalorisantes du bien et du mal, du « être gentil » ou « être méchant » qui en langage inconscient humain sont intimement traduite par « être ou ne pas être « aimé(e) ».

Si par exemple j’interdis cette délicieuse glace à la vanille à mon fils de 4 ans parce que nous sommes cinq minutes avant le repas de midi, je fais un choix, par rapport à mes valeurs, quelles que soient mes raisons qui pour moi semblent les plus évidentes et naturelles du monde, je fais le choix que ce sera comme cela et pas autrement. J’impose donc ma vision des choses à mon enfant, ce qui je le répète, est plus ou moins inévitable dans l’éducation. D’ailleurs, j’ai moi-même (comme adulte ancien enfant) eu à faire face à de tels moments d’imposition dans ma propre enfance où certaines règles ou valeurs m’ont été imposées selon des manières plus ou moins violentes. Aujourd’hui à mon tour en position d’autorité, j’ai rejeté certaines de ces impositions qui ont confirmé pour moi leur aberration et leur injustice, d’autres se sont confirmées pour moi dans leurs nécessité et justesse, et enfin, j’en répète bêtement certaines autres de manière in-questionnées car j’y ai adhéré à l’époque sans penser ou pouvoir les remettre en question.

(À ce propos, les « crises » de nos enfants sont quelquefois aussi des occasions cachées de profondément remettre en question certaines de ces sacro-saintes valeurs jamais réellement et sérieusement remises en question.)

Mais pour le moment présent je suis convaincu qu’un enfant ne doit pas manger une glace cinq minutes avant le repas, et si c’est ce que je pense être le plus juste, il va devoir faire avec. Ici commence la crise, car mon enfant a une tout autre vision de la situation et de son besoin le plus immédiat. Il fait donc une crise car au moment de maturité de sa courte vie c’est le seul moyen qu’il a de manière saine de gérer la contradiction dans laquelle cela, c’est à dire « je », le met. De ma réaction dépend alors le niveau de potentielle résolution de cette contradiction et de son devenir et développement progressif chez mon enfant, expérience après expérience. Je peux par exemple le laisser faire sa crise sans lui donner cette glace en sécurisant le périmètre du mieux que je peux pour son bien-être comme pour le mien. Ici l’apprentissage est autant pour le parent que pour l’enfant, car il n’est pas toujours facile de vivre la crise d’un enfant. Il apprend alors à faire face petit à petit aux contradictions dans lequel son contact avec les « règles » du monde adulte le confronte inévitablement tout en percevant de plus en plus clairement qu’il n’obtiendra pas toujours tout de suite ce qu’il veut. Mais il le fait en sécurité sentant que sa contradiction est normale et respectée (donc aimée) et non pas dévalorisée. Le travail de l’enfant est ici en parallèle avec celui du parent qui doit apprivoiser ses propres contradictions réactivées éventuellement par la crise de son enfant. Je viens de décrire la méthode qui me semble idéale que j’essaye de suivre moi-même (pas toujours facile…).

Maintenant dans la même situation, je peux faire un autre choix et ne pas accepter la crise de mon enfant, autrement dit non seulement je lui impose mon point de vue (et pourquoi pas si cela me semble juste pour sa propre protection) mais je souhaite en plus qu’il adhère sans résistance (ce que l’on appelle « l’obéissance ») et donc je nie la contradiction dans laquelle il se retrouve naturellement entre ce qu’il ressent être son besoin et ce que je lui impose qui me semble juste à moi. Je nie le temps qui est logiquement nécessaire pour n’importe qui et a fortiori un enfant, pour qu’il puisse d’abord digérer sa crise et puis d’expérience en expérience percevoir et intégrer la valeur et le sens plus profond de cette règle que je lui impose. Ceci dans la supposition ou ladite règle a vraiment du sens, mais à un niveau qui n’est pas tout de suite accessible à l’enfant, donc à condition que cette règle ne soit pas un simple abus de pouvoir.

Si, lors de cette crise, l’enfant manifeste son mécontentement et que je ne l’accepte pas, je manifeste en retour mon propre mécontentement de parent fasse à son mécontentement. Malheureusement cela signifie que je suis en miroir avec lui et que je ne sais pas mieux faire que lui face à la frustration qu’il n’adhère pas immédiatement avec l’évidente validité de ce qui me semble juste à moi. Et si je rajoute un commentaire désobligeant, jugeant et dévalorisant cela devient pour l’enfant inconsciemment un message de type : « Cette crise qui manifeste en moi la contradiction intérieure dans laquelle je suis est nulle et non avenue, elle fait de moi quelqu’un de non aimable, je devrais adhérer immédiatement et je ne devrait pas vivre ou exprimer cette contradiction » ce qui est un paradoxe inextricable au vu de la réalité du fonctionnement humain. La suite rentre alors dans la logique de ce que j’ai décrit au chapitre I …

En résumé, la crise de l’enfant (souvent plus extériorisée) ou de l’adulte (souvent plus intériorisée) est une première réaction normale consécutive à la mise en face d’une contradiction intime entre un choix et un autre que nous n’arrivons pas à penser compatible. (je ne peux pas en même temps, ne pas prêter mes jouets et faire plaisir à mes parents…) Si j’obéis, j’écrase mon besoin premier (qui n’est pas moins légitime que celui de mes parents) et je suis donc en contradiction avec moi-même. Et si je fais le choix d’honorer d’abord mon besoin personnel intime, je reste dans une profonde contradiction. Cette contradiction voit s’opposer la valorisation que je viens de faire de mon besoin et la dévalorisation de ce choix par le système ambiant (règles, valeurs, parents…), système auquel je suis étroitement lié donc encore très dépendant puisque cela m’affecte plus ou moins fortement dans ma vie quotidienne. Ce que l’on appelle la « Culpabilité » manifeste l’importance de cette contradiction et la dévalorisation associée aux paroles et comportements (voire brimade..) de désapprobation auxquelles on a dû faire face. La puissance de ces contradictions dévalorisantes répétées, amplifiées et intégrées grâce à une série d’expériences répétitives, conditionnera la cohérence et l’équilibre avec lesquels je ferai puis je vivrai les différents choix de mon existence.

à suivre… « Culpabilité, comment faire avec? » Chapitre III

« Comment apprivoiser sa culpabilité? » Part II (en Video cette fois)

P.A.M

La Culpabilité, à quoi ça sert? Chapitre I

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Psychologie de la Culpabilité.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

CULPABILITE, une réalité qui hante nombre d’humains sur cette planète. Manifestation entêtante et persécutante de la Faute originelle ? Punition douloureuse céleste pour toutes nos erreurs ou nos divergences négatives ? Ou encore angoissante persécution de nos entrailles pour manifester l’opprobre et la honte de tous nos vices cachés ?

ABSOLUMENT PAS!

Toute mon expérience de thérapeute tend vers une conclusion qui n’a rien avoir du tout avec la sacro-sainte faute, ou la punition de nos pêchers ou de nos « mauvaises » actions ou intentions.

Toutes les sensations corporelles que nous relions au sentiment de culpabilité sont purement et simplement une information du Soi inconscient qui nous met en contact avec l’existence d’une contradiction intérieure profonde dont les conséquences existentielles sont suffisamment importantes pour que notre corps et l’inconscient derrière, tentent par tous les moyens, même les plus désagréables, d’attirer notre attention.

Bien sûr, tant que nous interprétons ces signaux « désagréables » de manière totalement conditionnée comme la résultante d’une faute ou d’une punition, il est impossible d’en apprivoiser la « substantifique moelle ». Et si nous avons appris très tôt dans l’enfance à nourrir cette interprétation négative de nous-même et de ce que notre corps nous dit, alors les sensations associées à ce que l’on appelle la culpabilité, peuvent quelquefois devenir insupportables.

Pourtant on peut comprendre plus facilement avec la douleur quand on se blesse physiquement, qu’il s’agit d’une information, désagréable peut-être, mais absolument indispensable pour attirer notre attention sur un problème dont il va falloir prendre soin. C’est exactement la même chose dans le cas des sensations désagréables associées à la « culpabilité », sauf que sans décryptage et plusieurs siècles de bidonnages interprétatif social, culturel et religieux, il n’est plus possible d’entrevoir une interprétation qui soit respectueuse de soi-même.

Cette interprétation bien plus respectueuse de Soi, concernant les sensations de culpabilité, est la suivante…

Imaginons un petit enfant qui joue tranquillement au bac à sable, il ne souhaite pas prêter sa pelle ou son seau, quelles que soient ses raisons, mais un de ses parents intervient en lui faisant comprendre que c’est « vilain » de ne pas partager et il lui demande donc de le faire, voire même il l’oblige à le faire. Ici commence un débat intérieur et une contradiction qu’il est difficile à résoudre pour l’enfant. Équation qui s’aggrave avec le temps et le niveau de névrose du milieu ambiant…

L’équation intérieure est la suivante, je veux faire plaisir à mon papa ou à ma maman car je ne veux pas qu’ils me considèrent comme « vilain » ou « méchant » ce qui en langage inconscient d’enfant se traduit par le pire des résultats, le pire des fantasmes : « Ils vont cesser de m’aimer ». Et d’un autre côté, toutes mes tripes me disent que je ne veux pas prêter mes jouets. Peut-être que je veux juste rester seul, tranquille ce jour-là, ou à ce moment-là, peut-être que je perçois (comme nous le faisons tous adulte..) que cet autre enfant ne me revient pas et que je ne souhaite pas d’interaction particulière spécifiquement avec celui-là, ou peut-être tout simplement que je suis à un âge où délimiter et protéger mon « territoire » est instinctivement bien plus capital pour l’instant que de répondre à une instance sociale de la politesse, du « politiquement correct » de ma mère envers la fille de la voisine avec qui elle veut rester en bon termes, ou du système de valeur de mon père qui implique que partager est bien. (Ce qui ne veut pas dire que « partager » n’est pas aussi une bonne chose, c’est obliger à partager qui peut poser problème, puis faire peser une dévalorisation sur l’enfant qui veut suivre un autre choix que celui du parent…)

Me voilà donc avec un dilemme dont chaque choix peut avoir des conséquences désagréables, soit je pique une crise (probablement la réaction la plus saine..), soit je m’écrase et je fais ce que l’on me demande. La crise me permet d’assumer mon besoin profond mais me confronte au fait de déplaire à mes parents, et m’écraser, par définition, écrase mon besoin premier mais m’assure l’appréciation positive de mes parents. Dans un cas comme dans l’autre le niveau d’intensité de la contradiction réglera le niveau d’intensité de ce que l’on appelle la culpabilité. Et ce niveau d’intensité dépendra directement de ce que je ressens du type de réaction de mon environnement. Plus la réaction est « difficile » et plus le phénomène prendra de l’ampleur avec le temps, la répétition, et de manière variable selon les valeurs, les tabous et les souplesses ou rigidités de l’environnement familial, social, culturel ou religieux. Cette équation, et la manière dont on m’a aidé à la vivre, m’accompagnera tout au long de ma vie, ici commence le chemin de croix de la culpabilité qui se déclenchera chaque fois que dans cette vie je voudrais valider un besoin personnel qui ne sera pas en accord avec des valeurs, des règles ou des attentes, qu’elles soient réelles, supposées, imaginaires, implicites ou explicites, qu’elles soient extérieures à moi ou intériorisées en moi…

A suivre… « Culpabilité, à quoi tu sers? Chapitre II

Comment apprivoiser la culpabilité (en Vidéo cette fois) Part I

P.A.M