A quoi sert de décevoir ?

Psychothérapie Paris Image de Soi, savoir décevoir et être déçu...
Pascal Acklin Mehri Psychologue Paris, Confiance en Soi – Regard de l’Autre

La déception, qu’on cherche à l’éviter ou la braver, pèse un poids important dans l’orientation des comportements humains. Elle est en lien direct avec le jugement ou le regard que l’on porte sur les autres ou que l’on croit que les autres portent sur nous. L’aprentissage du pouvoir de la déception commence dés notre plus jeune âge, en même temps que l’on découvre ce qui fait plaisir et déplaisir à nos parents, l’école, ou la société. C’est un apprentissage qui nous façonne tout au long de notre vie en même temps qu’il cultive nos contradictions c’est à dire nos culpabilités les plus profondes. Chacun navigue sans cesse entre l’envie d’être dans la norme et l’envie de se différencier, l’envie de faire bien comme cela est attendu, et l’envie tout simplement de faire comme on le sent. Autrement dit, entre l’envie d’être bien vu, aprécié, aimé de nos parents, professeurs, boss et les autres en général, et l’envie d’être soi, même si cela déplait.

Mais que je décoive les autres, ou que je sois déçu par eux, ou par moi-même, la déception s’accompagne toujours de sensations et sentiments désagréables. On a donc tôt fait de vouloir soit d’une part de s’écarter de tout événement pouvant nous amener à ressentir cette expérience désagréable, soit d’autre part d’essayer de faire de son mieux pour écraser ou lutter contre le négatif qui pourrait nous envahir lorsque l’on cherche simplement à continuer à être soi-même, malgré le désaccord ambiant. Ceci peut amener à deux comportements extrêmes, s’adapter le mieux possible à la norme quitte à écraser certains besoins fondamentaux que l’on n’osera pas vivre ou seulement en cachette, ou alors forcer la provocation en clamant par ses comportements que l’on en a rien à foutre de ce que pense les autres, quitte à être dans une perpétuelle lutte pour être soi. Entre ces deux cas se place le commun des mortels, toujours en train de chercher le bon équilibre avec pour curseur principal le sentiment de culpabilité qui met en scéne cette contradiction essentielle, to be or not to be, être aimé ou ne pas être aimé, decevoir ou ne pas décevoir…

Ceux qui arrivent avec bienveillance à se réaliser comme ils sont, et non pas comme on voudrait qu’ils soient, sont justement ceux qui arrivent le mieux à apprivoiser les déceptions incontournables de la vie sans avoir ni besoin de s’écraser ni besoin de s’hyper affirmer pour exister. De fait, ils aprivoisent aussi forcément leurs différents niveaux de culpabilité et donc de contradiction interne. Mon propos est donc surtout ici de parler de la nécessité d’apprivoiser la déception, la sienne ou celle des autres lorsque l’on fait, que l’on veut faire, ou que l’on a fait, quelque chose qui nous semble juste par rapport à une information profonde qui nous vient de l’intérieur. Cette information intérieure, c’est aussi ce que l’on appelle les tripes ou encore l’intuition, la petite voix dont l’écoute fait que l’on avance toujours plus vers soi-m’aime.

Déception et réalisation de Soi

Car décevoir c’est aussi grandir un peu… En effet si la déception provient du décalage entre ce que dit notre petite voix intérieur et la manière dont cela va être jugé dans le cadre de perception des autres, il est indispensable d’accepter cette déception et de la traverser pour laisser place petit à petit, et de plus en plus souvent, à l’acceptation de Soi. Cela est d’autant plus nécessaire quand ce regard jugeant est à tel point intégré en nous qu’il est devenu le nôtre et que notre petite voix intérieur fait alors face directement à notre propre auto-jugement sur nous-même. En quelque sorte, la petite voix de l’intuition, celle de nos trippes, rencontre la grosse, et souvent envahissante, voix du mental. Cela peut alors déclencher une véritable guerre civile entre le Moi et le Soi. Le Moi résume, pour notre exemple, ce que serait notre personalité construite, ayant intégré un certain cadre de représentation culturel, social, religieux (etc..) qui défini moralement ce qui est bon ou mauvais, ce qui est bien ou mal, ce qui me fait juger de ma propre valeur ou de la valeur des autres. Le Soi serait une information intuitionnelle, corporelle, intime, manifestée dans le corps et ancrée dans quelque chose de bien plus vaste et juste (car non-mentalement construit..). Et donc de ce fait le Soi est souvent en désaccord avec les cadres de pensée déjà-là et qui nous entourent et nous façonnent dés la naissance.

Donc ce qui est juste en Soi n’est pas forcément en accord avec ce qui est jugé comme normal, acceptable, ou valorisable par le Moi. Lorsque le Moi rentre en lutte avec le Soi il y à alors contradiction entre mes valeurs induites et inculquées (auxquelles je peux consciemment avoir l’impression d’adhérer ou pas…) et cette intuition profonde qui défie les vérités préétablies. Ce qui fait que même si je fait quelque chose de profondément juste en Soi, je peux décevoir les autres, et/ou me décevoir moi-même. En bref, que le Moi auquel je me confronte soit celui du groupe (des autres), ou de moi-même, ce n’est jamais rien d’autre que le Moi qui est déçu. Bien sûr plus on s’identifie et on adhére sans recul avec ce Moi, qui pense ce que je pense que je suis ou devrait être, et plus la contradiction va être vive et le vécu de déception sera difficile lorsque l’intuition d’une vérité bien plus fondamentale du Soi vient à radiner le bout de son nez

Cette conception de la décéption entraîne un réévaluation globale du phénomène. Il s’agit de ne plus considérer la déception  comme la conséquence logique du fait que je n’ai pas été à la hauteur ou que l’autre n’ai pas été à la hauteur, car du coup je paye, je suis puni et c’est normal. Il s’agit au contraire d’un signal dans le corps, qui attire notre attention sur un conflit latent entre le Soi et le Moi. C’est à dire d’une part entre ce que je crois, ce que je pense qui devrait être, et d’autre part ce qui s’impose à moi (souvent contre mon gré) comme la vérité juste et intuitive de ce que je ressent plus profondément (sur moi-même, sur ma relation avec l’autre, sur mon rapport a ce travail, etc…) même si je n’étais pas prét à le regarder en face. La violence de la déception est d’autant plus grande que le Moi cherche à maintenir le contrôle sur ce que je crois ou suis habitué à croire, sur comment les choses doivent être, comment elle doivent se passer, comment le couple doit fonctionner, ce qu’est l’amour, comment il est normal que je me comporte ou que l’autre se comporte dans telle ou telle situation. Si je rencontre la déception de maniére régulière sans pouvoir m’en extraire, alors il est temps de considérer la répétition comme une tentative de votre inconscient de vous ouvrir les yeux pour remettre en question  le cadre de pensée qui vous fait souffrir et vous ouvrir un peu plus à cette intuition plus profonde qui attend que vous lui portiez plus d’attention.

Sortir de la déception implique alors d’accepter d’abord d’y rentrer et de l’explorer pour ce qu’elle est, une occasion de profonde remise en question. Et ici, ma proposition est toujours la même, l’exploration doit se faire de maniére sensorielle et non pas mentale. Ou plutôt, dans le processus que je propose, le mental doit perdre son statu de patron qui décide et contrôle, pour celui de simple outil au service de l’information distillée par le corps au moment de la déception. Le mental, les mots, la parole ne doivent plus servir à interpréter mais uniquement à décrire l’état sensoriel que l’on traverse. Même si au début cela peut paraître difficile pour certains, décrire ce que l’on ressent et non pas ce que l’on pense, nous oblige à prétter attention au Soi et non plus aux boucles sans fin des tergiversations névrotiques mentales qui se fixent uniquement sur le Moi Moi Moi. Or, plus on passe de temps à prêter attention aux informations du Soi dans le corps et plus on s’apporte la douceur attentionnelle qui est le seul remède à la violence émotionnelle que l’on est en train de traverser. Et plus on prends ce temps de la description dans le corps plus la description s’affine et devient évolutive, on constate que l’on peut alors redécouvrir des niveaux internes de bienveillance puis d’auto-guerison simplement parce qu’on a de nouveau developpé une forme d’écoute inconditionnelle de soi-m’aime, même quand initialement il s’agit découter un haut niveau de violence, de conflit et de désorganisation interne.

NB: Attention, je ne dis pas ici qu’il faut décevoir pour décevoir à tout pris, je dis que décevoir et être déçu sont des phénomènes inévitables et qu’ils sont partie constituante de la construction humaine. Apprivoiser la déception en acceptant de la ressentir et de la vivre permet potentiellement aux humains de grandir et d’évoluer vers une meilleur version d’eux-même. Ceci, en permettant le remaniement de toutes nos attentes, représentations et formes-pensées qui tentent de formater le réel non pas comme il est, mais comme nous croyons qu’il devrait être. Pour le re-phraser d’une autre maniére (car c’est le message principal de ce texte), la déception opére chaque fois que la vraie nature du réel, de l’autre ou de notre Soi profond, manifestent clairement qu’ils ne sont pas assujéttis à nos attentes et à toutes nos représentations mentales conscientes ou inconscientes auxquelles nous croyons qu’ils devraient logiquement obéir. C’est pourquoi, si elle est accompagnée et apprivoiséé, la déception peut nous ouvrir sur un monde de possibilité bien plus vaste et enrichissant que la représentation mentale limitée et limitante de nous-même des autres et du réel dans lequel nous ne savions pas encore que nous étions emprisonné(e)s…

P.A.M

Culpabilité, comment faire avec? Chapitre III

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Psychothérapie de la Culpabilité
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18. Travail Emotions Culpabilité, Anxiété, Angoisse

Culpabilité, Chapitre III

Comment traverser la crise de culpabilité?

Si vous avez bien lu les deux précédents chapitres, vous voilà un peu plus conscient que vos crises de culpabilité manifestent en fait des niveaux plus ou moins intenses de la contradiction émotionnelle interne dans laquelle vous êtes. Ceci, face à un choix, une décision ou un positionnement. Une fois que vous savez cela, alors comment faire? Comment traverser ces crises de culpabilité?

Une chose est sûre, face à une contradiction interne, la crise est inévitable et il faut partir du principe que lorsqu’elle arrive, il vaut sincèrement mieux faire de son mieux pour l’apprivoiser et la traverser, plutôt que désespérément essayer de lutter contre ou la mater (ce qui l’obligera à revenir plus tard, de manière répétitive et renforcée). Ces crises et leurs dépassements sont en fait la saine et véritable manifestation d’un passage à la maturité, non plus comme un adulte formaté, mais comme un être humain capable de se remettre en question, de prendre un recul sur ses émotions en acceptant de toutes les vivre comme importantes, qu’elles soient agréables ou désagréables. Bref, tout cela pour nous permettre d’aller à chaque fois vers un être humain un peu plus évolué…

Alors voilà, dès que l’on accepte de reconnaître puis de regarder en face sa contradiction/culpabilité, les choses peuvent enfin commencer à changer. Il s’agit en fait, en y apportant l’attention nécessaire, de commencer à passer petit à petit d’une philosophie de « l’un OU l’autre » à une philosophie de « l’un ET l’autre« . Pour cela, la porte de passage est très simple à emprunter, mais pas toujours agréable dans un premier temps. Il s’agit de mettre enfin votre attention sur ce que vous appelez « culpabilité ». C’est-à-dire, avant tout, quelque chose qui est en train de se passer dans votre corps et qui, justement, tente plus ou moins intensément d’attirer votre attention. Certaines techniques thérapeutiques modernes comme NERTI ou TIPI sont une forme pratique et efficace de ce que je suis en train d’expliquer ici. Prêtez attention à ce que le corps est en train de vous dire et le travail de métabolisme naturel du corps (la brillante intelligence du vivant) va pouvoir reprendre sa capacité bloquée dans l’enfance ou l’adolescence à métaboliser et à digérer les émotions restées depuis si longtemps agglomérées en vous.

Pour cela, soit au moment de la crise, soit après coup en y repensant, il faut d’abord se mettre en situation de « sécurité » pour pouvoir écouter son corps (et donc s’écouter « Soi-m’aime ») dans les meilleures conditions possibles. La notion de sécurité est très relative à chacun, et pourra par exemple impliquer d’être accompagné dans cette expérience, au moins au début, par une personne bienveillante et expérimentée. Mais ce n’est pas une obligation et le phénomène pourra aussi bien fonctionner en le pratiquant seul. Laissez-vous guider par votre intuition pour savoir quelles sont vos besoins spécifiques pour vivre cette expérience dans les meilleures conditions possibles. Maintenant, de manière assez générale, pour se laisser traverser par des sensations qui sont souvent au départ désagréables, il faut être « confortable », c’est-à-dire bien installé et suffisamment isolé de toute interaction intempestive. Une fois que cela est fait, il vous suffit d’accepter de vous laisser guider par vos sensations corporelles qui sont le support de votre « culpabilité » et qui manifestent vos émotions contradictoires.

Ces émotions qui semblent au début irréconciliables doivent être écoutées tout d’abord dans le brouhaha indistinct qu’elles manifestent au travers de la crise de culpabilité. Ici, chaque sensation est digne de respect et d’attention, la boule dans le ventre, le noeud dans la gorge, les contractions musculaires, les contractures, les brulures, les picotements divers et variés, les mains moites etc. Quoiqu’il vous arrive, y compris le coeur et les poumons compressés, voire la suffocation pour certaines personnes, il s’agit d’une tempête à traverser mais qui d’expérience avec le temps se résout toujours par un soulagement et un bien plus grand calme intérieur. Votre inconscient est toujours aux manettes il ne vous fera pas vivre ce que vous n’êtes pas en mesure de traverser. La plupart du temps vous connaissez  déjà bien la première étape des sensations de culpabilité mais vous n’êtes jamais allés au-dela car la réaction a toujours été la fuite ; et soit vous réussissiez à refouler, soit vous restiez coincé(e) dans la durée dans cette première intensité désagréable.

Cette fois, l’idée, c’est de rester et d’explorer la tempête comme le ferait un bon scientifique en ne faisant que recueillir et accueillir les faits, ceux des sensations du corps (laissez tomber les interprétations intelligentes ; et, si votre mental s’invite, ne l’empêchez pas, mais essayer juste de le regarder comme une vache regarderait un train passer…). Sachez qu’il vous est possible d’interrompre l’expérience à tout moment si cela vous semble nécessaire, vous y reviendrez plus tard ou une autre fois si les conditions sont plus favorables (il vous suffit de refaire tout naturellement ce que vous aviez l’habitude de faire avant pour « échapper » à cette culpabilité). Les premiers essais peuvent être les plus difficiles, mais chaque contact conscient avec le phénomène vous en apprend un peu plus sur lui, vous le rend moins impressionnant et vous permettra à chaque pas d’entrer un peu plus en lui. C’est-à-dire en vous-même et donc de l’apprivoiser un peu plus. Il ne s’agit pas d’une compétition ou d’un forcing, il faut accepter qu’à chaque jour suffit sa peine, et si vous tombez sur une limite qui vous semble indépassable sur le moment, lâchez l’affaire, c’est le mieux que vous puissiez faire aujourd’hui. Notez que c’est souvent aux endroits où cette méthodologie bloque lorsque vous la pratiquez seul qu’il peut être nécessaire de la pratiquer accompagné par quelqu’un qui connaît déjà le chemin et qui l’a déjà pratiqué.

Avec un accompagnement bienveillant et suffisamment expérimenté, il vous suffit cette fois en plus de ce que vous faisiez seul de partager votre expérience sensorielle en décrivant chacune des sensations que vous percevez, en restant le plus descriptif possible (c’est-à-dire ancré(e) uniquement dans votre corps) et le moins interprétatif possible (c’est-à-dire le moins dans le mental possible). La description et le partage, au fur et à mesure de ce que vous découvrez en vous-même lors de votre traversée, aide à soutenir votre attention sur vous-même. Et c’est cette attention sur vous-même, qui est le moteur et le fuel dont votre corps a besoin pour développer sa capacité d’autoguérison. Dans le cadre thérapeutique que je propose, je rajoute, la possibilité de laisser vos images intérieures (liées plus à votre imaginaire qu’à vos pensées…) vous guider, en même temps que vos sensations, vers l’élaboration de solutions inconscientes qui accompagnent la résolution de vos contradictions internes (je développerai cela ainsi que la question d’une éventuelle transe hypnotique additionnelle, dans de prochains articles..). Ce type de travail est axé sur les ressources naturelles de votre corps/psyché, et ne nécessite absolument aucune réflexion intellectuelle sur l’origine historique de vos contradictions internes, ni de connaissances techniques particulières sur les processus psycho-biologiques mis en oeuvre ici. Même si il est possible que vous passiez, par ailleurs, quand même, incidemment dans ce processus, par des prises de conscience clairvoyantes sur votre situation de vie personnelle.

Que vous pratiquiez seul(e) ou accompagné(e), le résultat, essai après essai (souvent dès la première fois) est le rééquilibrage interne, la réconciliation émotionnelle (le fameux « l’un ET l’autre » dont votre psychisme a besoin pour avancer…). C’est le moment où, symboliquement, sans que vous ayez réellement besoin ensuite de dire le moindre mot, l’enfant intérieur se relève et fait face à l’autorité (parents ou société). En continuant à lui prêter cette attention qui le porte, cet enfant en vous, peut alors enfin assumer de faire comprendre qu’il ou elle ne fait pas ce qu’elle fait, ou qu’elle a besoin de faire, pour nuire, faire du mal ou désobéir, mais parce que c’est son intuition profonde que c’est le meilleur choix pour lui-même, que c’est par ce chemin d’expérience qu’il doit passer et que s’ils l’aiment comme lui les aime, ils l’accompagneront du mieux qu’il peuvent dans sa réalisation, et sinon, il ira de toute façon là où il doit aller car il ne peut peut pas en être autrement…

Sortir des dualités contradictoires qui nous bloquent est ce que l’on fait naturellement et régulièrement dans tous les endroits où l’on ne ressent justement plus de culpabilité, car on ressent de manière beaucoup plus claire la justesse de  ses choix ou de ses actes (à ne pas confondre avec les personnes qui se coupent de leurs ressentis et dont certaines peuvent aussi se couper de toute culpabilité…). Hors, comme toute « dualité », les oppositions intérieures que nous vivons entre nos représentations et nos émotions, entre nos émotions elles-même, sont essentiellement issu de l’hypertrophie et de la dictature de notre mental. Celui-ci ne pourra donc pas  vous aider à résoudre des problèmes qu’il a lui même participer à créer. Sortir du mental par le biais de l’écoute du corps est donc la solution rêvée et naturelle pour accueillir sa culpabilité et lui rendre, par l’attention qu’elle mérite, un peu plus de cette bienveillance qui seule peut lui redonner consciemment sa capacité à nous informer et à nous guider vers des seuils nouveaux de notre évolution personnelle.

Bon voyage!

P.A.M

A relire : »Culpabilité à quoi tu sers? Chap I »

A quoi sert le Dégoût? Chapitre II.

Psychothérapie du Dégoût, Psychothérapie de la Culpabilité, Psychothérapie de la Dépression, Psychothérapie de l'Angoisse.
Pascal Acklin Mehri, Psychologue Psychothérapie Paris

A quoi sert le Dégoût ? Chapitre II.

Dégoût et Loi Universelle!

Le Dégoût, en règle générale, est associé dans sa représentation psychologique, au rejet et à la distanciation. Son corollaire « positif » est l’Attraction qui mène souvent vers une représentation psychologique du désir et de l’appropriation. Ainsi, le couple dégoût/attraction est facilement associé avec le couple rejet/désir. Ce qui en langage mental peut vite être traduit par « je suis aimé » ou « je ne suis pas aimé ».

Notez que l’attraction que l’on ressent ou suscite peut être quelque fois aussi difficile à recevoir que le dégoût que l’on vit ou dont on fait l’objet. Et ceci est dû justement au fait qu’on les associe implicitement au couple rejet/désir, ce qui ramène en fin de compte toujours et encore à la question de base « être ou ne pas être aimé ». Remarquez au passage que quel que soit le mot, aimé, désiré, rejeté, leur association avec la question « être ou ne pas être » leur donne une résonance existentielle particulièrement dramatique selon le degré d’adhérence à cette association. Si je pense que ressentir du dégoût au contact de quelqu’un implique de le rejeter et donc de nier son existence, cela devient un traitement violent que je ne veux ni subir ni faire subir. Et me voilà coincé(e) avec une émotion puissante que je ne peux que refouler ou exprimer violemment. Ce type d’impasse est particulièrement « énergivore » et « dépressogène ».

Alors arrêtons-nous un instant et parlons de répulsion au lieu de dégoût. Ce sont deux mots qui s’associent parfaitement, car la répulsion exprime encore beaucoup plus complètement, dans sa dimension corporelle, ce que le dégoût provoque en nous intuitivement, dans nos tripes, du besoin de repousser ou de s’éloigner de quelque chose ou de quelqu’un. Nous voilà avec une autre version de notre couple Désir/Rejet qui serait alors Attraction/Répulsion. Or il se trouve que le phénomène d’Attraction/Répulsion est à la base autant de notre Système Solaire que de l’organisation et de l’équilibre atomique. Que ce soit sur le plan macro-cosmique des planètes ou micro-cosmique des molécules et atomes, tout trouve sa cohérence sur de savantes interactions d’attraction et de répulsion. L’être humain constitué d’atomes et existant sur une planète au milieu d’un Univers, est inévitablement aussi le jouet de ces interactions internes et externes. On parle de l’Attraction Universelle qui est un phénomène qui n’existe obligatoirement que couplé à un phénomène tout aussi universel de Répulsion. Comme le mental humain est branché sur une vision artificielle du positif et du négatif, on ne parle jamais du phénomène de Répulsion Universel. Pourtant l’un ne va pas sans l’autre ; pensez un instant que s’il n’existait que de l’attraction, tout serait très vite agglutiné en une masse de plus en plus informe et compacte, une fusion, incompatible avec la vie.

Selon moi, Désir et Dégoût sont les pendants des lois universelles de l’Attraction et de la Répulsion. Dans leur version psychologique, malheureusement elles prennent, chez l’humain, par le filtre du mental, une teinte positive ou négative. Mais a-t-on jamais vu la Terre se plaindre de la distance que la Lune a prise ce soir-là, et que se passerait il si les deux n’était qu’attirées l’une par l’autre? Ou encore si une molécule pouvait se sentir mal car d’autres molécules n’ont pas voulu interagir avec elle ?!? Dans la nature, le couple Attraction/Répulsion est un phénomène parfaitement adapté au fonctionnement de l’Univers. Nous faisons partie de cet Univers, comment pourrions-nous considérer ce phénomène autrement que parfait pour nous aussi ?

Et si, comme toutes les émotions qui nous traversent, le sentiment d’attraction ou de répulsion était l’expression de phénomènes d’une portée bien plus puissante et importante qui dépasse de loin la pauvre interprétation psychologique responsable de nos principales difficultés, à les vivre plus librement et plus simplement ?! Comme je l’avais déjà souligné dans l’article précédent, si l’on enlève la représentation moralisante « négatif ou positif » alors on se retrouve uniquement avec un phénomène universel à écouter ABSOLUMENT. Car écouter et prêter attention résout instantanément cette putain d’équation « être ou ne pas être ». Il n’y a plus de question dés que je suis présent à moi-même, car dès que je ressens, je suis ! Et si je suis dans l’instant présent de ce que mon corps, et l’univers au travers lui, m’informe, je suis alors au contact de la seule information qui me soit capitale (infiniment plus importante que le 20 heures…) pour suivre ou reprendre la seule direction nécessaire de mon existence. Si je suis mal (mal-être), ce n’est donc pas parce que je ressens du dégoût ou de l’attraction, mais parce que je ne sais pas (ou plus) accueillir sans juger l’inconfort premier d’une énergie puissante qui me traverse, pour la laisser me guider dans la direction d’une réalisation plus profonde de moi-même.

Changer de cadre de représentation est souvent en psychothérapie la base nécessaire pour débuter un changement dans sa vie. Et si, pour débuter ce changement, vous acceptiez de regarder vos émotions, et même le dégoût, dans un cadre et un point de vue radicalement différent de celui qui mène à « lutter contre » ? J’espère avoir contribué à ma manière à vous aider à aller dans ce sens. Alors quand vous ressentirez du dégoût, la prochaine fois, rappelez -vous que, comme dans l’espace intersidéral ou dans l’infiniment petit, si je m’éloigne de quelque chose, c’est obligatoirement que je me rapproche d’autre chose, même si je ne sais pas encore ce que c’est. Et chez les humains cela veut dire s’éloigner du connu auquel on se croyait attaché pour se rapprocher de l’inconnu auquel on aspire même secrètement…

A bientôt,

P.A.M

à relire… « A quoi sert le Dégoût », Chapitre Premier.

Culpabilité, à quoi tu sers? Chapitre II

Thérapie de la Culpabilité. Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Apprivoiser sa culpabilité.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

CULPABILITÉ, Chapitre II : « Naissance d’une puissante contradiction interne »

Entendons-nous bien si je dis que la crise est « saine », c’est qu’elle manifeste de manière tout à fait normale, au début de la vie de l’enfant, la contradiction entre ce que lui veut et ce que veut l’environnement. Ceci est inévitable quelle que soit la qualité de l’éducation donnée à son enfant. Et ceci restera valable pour l’adulte en grandissant, tant qu’il n’aura pas trouvé mieux pour faire face à ses équations intérieures contradictoires, il traversera lui aussi des crises. Le problème n’est donc pas la crise elle-même, ni le fait que, bien sûr, il n’est pas possible d’adhérer immédiatement à tous les « je veux » de nos progénitures pas plus qu’à ceux de l’adulte. Le problème de la culpabilité commence lorsque s’intercalent dans le phénomène naturel de l’opposition et de la crise, les considérations morales jugeantes et dévalorisantes du bien et du mal, du « être gentil » ou « être méchant » qui en langage inconscient humain sont intimement traduite par « être ou ne pas être « aimé(e) ».

Si par exemple j’interdis cette délicieuse glace à la vanille à mon fils de 4 ans parce que nous sommes cinq minutes avant le repas de midi, je fais un choix, par rapport à mes valeurs, quelles que soient mes raisons qui pour moi semblent les plus évidentes et naturelles du monde, je fais le choix que ce sera comme cela et pas autrement. J’impose donc ma vision des choses à mon enfant, ce qui je le répète, est plus ou moins inévitable dans l’éducation. D’ailleurs, j’ai moi-même (comme adulte ancien enfant) eu à faire face à de tels moments d’imposition dans ma propre enfance où certaines règles ou valeurs m’ont été imposées selon des manières plus ou moins violentes. Aujourd’hui à mon tour en position d’autorité, j’ai rejeté certaines de ces impositions qui ont confirmé pour moi leur aberration et leur injustice, d’autres se sont confirmées pour moi dans leurs nécessité et justesse, et enfin, j’en répète bêtement certaines autres de manière in-questionnées car j’y ai adhéré à l’époque sans penser ou pouvoir les remettre en question.

(À ce propos, les « crises » de nos enfants sont quelquefois aussi des occasions cachées de profondément remettre en question certaines de ces sacro-saintes valeurs jamais réellement et sérieusement remises en question.)

Mais pour le moment présent je suis convaincu qu’un enfant ne doit pas manger une glace cinq minutes avant le repas, et si c’est ce que je pense être le plus juste, il va devoir faire avec. Ici commence la crise, car mon enfant a une tout autre vision de la situation et de son besoin le plus immédiat. Il fait donc une crise car au moment de maturité de sa courte vie c’est le seul moyen qu’il a de manière saine de gérer la contradiction dans laquelle cela, c’est à dire « je », le met. De ma réaction dépend alors le niveau de potentielle résolution de cette contradiction et de son devenir et développement progressif chez mon enfant, expérience après expérience. Je peux par exemple le laisser faire sa crise sans lui donner cette glace en sécurisant le périmètre du mieux que je peux pour son bien-être comme pour le mien. Ici l’apprentissage est autant pour le parent que pour l’enfant, car il n’est pas toujours facile de vivre la crise d’un enfant. Il apprend alors à faire face petit à petit aux contradictions dans lequel son contact avec les « règles » du monde adulte le confronte inévitablement tout en percevant de plus en plus clairement qu’il n’obtiendra pas toujours tout de suite ce qu’il veut. Mais il le fait en sécurité sentant que sa contradiction est normale et respectée (donc aimée) et non pas dévalorisée. Le travail de l’enfant est ici en parallèle avec celui du parent qui doit apprivoiser ses propres contradictions réactivées éventuellement par la crise de son enfant. Je viens de décrire la méthode qui me semble idéale que j’essaye de suivre moi-même (pas toujours facile…).

Maintenant dans la même situation, je peux faire un autre choix et ne pas accepter la crise de mon enfant, autrement dit non seulement je lui impose mon point de vue (et pourquoi pas si cela me semble juste pour sa propre protection) mais je souhaite en plus qu’il adhère sans résistance (ce que l’on appelle « l’obéissance ») et donc je nie la contradiction dans laquelle il se retrouve naturellement entre ce qu’il ressent être son besoin et ce que je lui impose qui me semble juste à moi. Je nie le temps qui est logiquement nécessaire pour n’importe qui et a fortiori un enfant, pour qu’il puisse d’abord digérer sa crise et puis d’expérience en expérience percevoir et intégrer la valeur et le sens plus profond de cette règle que je lui impose. Ceci dans la supposition ou ladite règle a vraiment du sens, mais à un niveau qui n’est pas tout de suite accessible à l’enfant, donc à condition que cette règle ne soit pas un simple abus de pouvoir.

Si, lors de cette crise, l’enfant manifeste son mécontentement et que je ne l’accepte pas, je manifeste en retour mon propre mécontentement de parent fasse à son mécontentement. Malheureusement cela signifie que je suis en miroir avec lui et que je ne sais pas mieux faire que lui face à la frustration qu’il n’adhère pas immédiatement avec l’évidente validité de ce qui me semble juste à moi. Et si je rajoute un commentaire désobligeant, jugeant et dévalorisant cela devient pour l’enfant inconsciemment un message de type : « Cette crise qui manifeste en moi la contradiction intérieure dans laquelle je suis est nulle et non avenue, elle fait de moi quelqu’un de non aimable, je devrais adhérer immédiatement et je ne devrait pas vivre ou exprimer cette contradiction » ce qui est un paradoxe inextricable au vu de la réalité du fonctionnement humain. La suite rentre alors dans la logique de ce que j’ai décrit au chapitre I …

En résumé, la crise de l’enfant (souvent plus extériorisée) ou de l’adulte (souvent plus intériorisée) est une première réaction normale consécutive à la mise en face d’une contradiction intime entre un choix et un autre que nous n’arrivons pas à penser compatible. (je ne peux pas en même temps, ne pas prêter mes jouets et faire plaisir à mes parents…) Si j’obéis, j’écrase mon besoin premier (qui n’est pas moins légitime que celui de mes parents) et je suis donc en contradiction avec moi-même. Et si je fais le choix d’honorer d’abord mon besoin personnel intime, je reste dans une profonde contradiction. Cette contradiction voit s’opposer la valorisation que je viens de faire de mon besoin et la dévalorisation de ce choix par le système ambiant (règles, valeurs, parents…), système auquel je suis étroitement lié donc encore très dépendant puisque cela m’affecte plus ou moins fortement dans ma vie quotidienne. Ce que l’on appelle la « Culpabilité » manifeste l’importance de cette contradiction et la dévalorisation associée aux paroles et comportements (voire brimade..) de désapprobation auxquelles on a dû faire face. La puissance de ces contradictions dévalorisantes répétées, amplifiées et intégrées grâce à une série d’expériences répétitives, conditionnera la cohérence et l’équilibre avec lesquels je ferai puis je vivrai les différents choix de mon existence.

à suivre… « Culpabilité, comment faire avec? » Chapitre III

« Comment apprivoiser sa culpabilité? » Part II (en Video cette fois)

P.A.M

La Culpabilité, à quoi ça sert? Chapitre I

Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9. Psychologie de la Culpabilité.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

CULPABILITE, une réalité qui hante nombre d’humains sur cette planète. Manifestation entêtante et persécutante de la Faute originelle ? Punition douloureuse céleste pour toutes nos erreurs ou nos divergences négatives ? Ou encore angoissante persécution de nos entrailles pour manifester l’opprobre et la honte de tous nos vices cachés ?

ABSOLUMENT PAS!

Toute mon expérience de thérapeute tend vers une conclusion qui n’a rien avoir du tout avec la sacro-sainte faute, ou la punition de nos pêchers ou de nos « mauvaises » actions ou intentions.

Toutes les sensations corporelles que nous relions au sentiment de culpabilité sont purement et simplement une information du Soi inconscient qui nous met en contact avec l’existence d’une contradiction intérieure profonde dont les conséquences existentielles sont suffisamment importantes pour que notre corps et l’inconscient derrière, tentent par tous les moyens, même les plus désagréables, d’attirer notre attention.

Bien sûr, tant que nous interprétons ces signaux « désagréables » de manière totalement conditionnée comme la résultante d’une faute ou d’une punition, il est impossible d’en apprivoiser la « substantifique moelle ». Et si nous avons appris très tôt dans l’enfance à nourrir cette interprétation négative de nous-même et de ce que notre corps nous dit, alors les sensations associées à ce que l’on appelle la culpabilité, peuvent quelquefois devenir insupportables.

Pourtant on peut comprendre plus facilement avec la douleur quand on se blesse physiquement, qu’il s’agit d’une information, désagréable peut-être, mais absolument indispensable pour attirer notre attention sur un problème dont il va falloir prendre soin. C’est exactement la même chose dans le cas des sensations désagréables associées à la « culpabilité », sauf que sans décryptage et plusieurs siècles de bidonnages interprétatif social, culturel et religieux, il n’est plus possible d’entrevoir une interprétation qui soit respectueuse de soi-même.

Cette interprétation bien plus respectueuse de Soi, concernant les sensations de culpabilité, est la suivante…

Imaginons un petit enfant qui joue tranquillement au bac à sable, il ne souhaite pas prêter sa pelle ou son seau, quelles que soient ses raisons, mais un de ses parents intervient en lui faisant comprendre que c’est « vilain » de ne pas partager et il lui demande donc de le faire, voire même il l’oblige à le faire. Ici commence un débat intérieur et une contradiction qu’il est difficile à résoudre pour l’enfant. Équation qui s’aggrave avec le temps et le niveau de névrose du milieu ambiant…

L’équation intérieure est la suivante, je veux faire plaisir à mon papa ou à ma maman car je ne veux pas qu’ils me considèrent comme « vilain » ou « méchant » ce qui en langage inconscient d’enfant se traduit par le pire des résultats, le pire des fantasmes : « Ils vont cesser de m’aimer ». Et d’un autre côté, toutes mes tripes me disent que je ne veux pas prêter mes jouets. Peut-être que je veux juste rester seul, tranquille ce jour-là, ou à ce moment-là, peut-être que je perçois (comme nous le faisons tous adulte..) que cet autre enfant ne me revient pas et que je ne souhaite pas d’interaction particulière spécifiquement avec celui-là, ou peut-être tout simplement que je suis à un âge où délimiter et protéger mon « territoire » est instinctivement bien plus capital pour l’instant que de répondre à une instance sociale de la politesse, du « politiquement correct » de ma mère envers la fille de la voisine avec qui elle veut rester en bon termes, ou du système de valeur de mon père qui implique que partager est bien. (Ce qui ne veut pas dire que « partager » n’est pas aussi une bonne chose, c’est obliger à partager qui peut poser problème, puis faire peser une dévalorisation sur l’enfant qui veut suivre un autre choix que celui du parent…)

Me voilà donc avec un dilemme dont chaque choix peut avoir des conséquences désagréables, soit je pique une crise (probablement la réaction la plus saine..), soit je m’écrase et je fais ce que l’on me demande. La crise me permet d’assumer mon besoin profond mais me confronte au fait de déplaire à mes parents, et m’écraser, par définition, écrase mon besoin premier mais m’assure l’appréciation positive de mes parents. Dans un cas comme dans l’autre le niveau d’intensité de la contradiction réglera le niveau d’intensité de ce que l’on appelle la culpabilité. Et ce niveau d’intensité dépendra directement de ce que je ressens du type de réaction de mon environnement. Plus la réaction est « difficile » et plus le phénomène prendra de l’ampleur avec le temps, la répétition, et de manière variable selon les valeurs, les tabous et les souplesses ou rigidités de l’environnement familial, social, culturel ou religieux. Cette équation, et la manière dont on m’a aidé à la vivre, m’accompagnera tout au long de ma vie, ici commence le chemin de croix de la culpabilité qui se déclenchera chaque fois que dans cette vie je voudrais valider un besoin personnel qui ne sera pas en accord avec des valeurs, des règles ou des attentes, qu’elles soient réelles, supposées, imaginaires, implicites ou explicites, qu’elles soient extérieures à moi ou intériorisées en moi…

A suivre… « Culpabilité, à quoi tu sers? Chapitre II

Comment apprivoiser la culpabilité (en Vidéo cette fois) Part I

P.A.M

Des Pères et Mères « il y en a partout »!

Des Enfants, des Pères et des Mères. Cabinet de Psychothérapie. 7 rue Pierre Haret, Paris 9.
Cabinet de Psychothérapie. Au carrefour de Paris 8, Paris 9, Paris 17 et Paris 18.

Comment ouvrir les yeux sur nos demandes intérieures, les valider par nous-même, et les ré-adresser aux bonnes personnes. Vers une autre et bien meilleure lecture de son Estime de Soi.

Des Pères et des Mères « Everywhere » !

Une des plus grandes difficultés pour avancer par rapport à ses besoins existentiels profonds, c’est d’apprendre à lâcher prise sur les personnes supposées être celles qui devraient répondre à ces besoins. En l’occurrence pour résumer, Papa et Maman.

Bébé nous naissons à notre potentiel maximal de connexion avec l’environnement, tout en étant complètement démunie et absolument dépendant des adultes qui serviront d’intermédiaires entre le monde et nous. Le type d’accompagnement et d’écoute dont nous serons entourés aura une influence capitale sur notre développement existentiel.

Sur ce plan-là, aussi blessés que certains ont pu l’être par leur enfance ou leur adolescence, la référence à une enfance parfaite est illusoire; tout le monde porte un karma d’histoire, qu’elle soit personnelle ou transgénérationelle, qui n’est jamais faite uniquement d’empathie, de bienveillance et d’accompagnement créatif, loin s’en faut. À ce sujet-là, l’histoire de l’éducation des enfants, du Moyen Âge jusqu’à nos jours est édifiante; être à l’écoute des besoins des enfants est une invention très récente dans l’histoire des hommes…

Que se passe-t-il alors lorsqu’un enfant (consciemment ou non…) ne se sent pas écouté ni accompagné dans un besoin existentiel profond ? Il arrive le plus souvent, que l’enfant en déduise que si cette écoute ou cet accompagnement n’arrive pas, c’est que ce qu’il demande, ce dont il a besoin, n’est pas valide, n’est pas légitime, n’a pas d’intérêt, est quelque chose qu’on doit maintenir sous silence, interdit, tabou, voire dangereux pour les adultes qui l’entourent. Quel que soit l’accompagnement, maladroit, inexistant, méprisant, humiliant, violent, pervers, punisseur, la conclusion reste la même : pour « survivre », « faire plaisir », « ne pas déranger », « être aimer » etc… mieux vaut peut-être faire disparaître, modifier, camoufler, refouler ce besoin qui sera donc désormais tatoué du sceau de la dévalorisation, de la disqualification, de l’illégitime, du honteux, du dégoûtant, de l’inexistant, ou encore de l’indécent etc.

Le problème, c’est que lorsqu’il s’agit d’un besoin existentiellement capital pour l’enfant, cela se résume à continuer à vivre en niant une partie essentielle de soi-même. Il arrive que l’on puisse vivre des années sans en avoir conscience, car c’est devenu une normalité pour nous-même, mais les conséquences finissent toujours par s’exprimer tôt ou tard sous la forme de symptômes dont il n’est pas toujours facile d’identifier l’origine. Certains de ces symptômes non « résolus » du vivant de la personne seront tout simplement passés à la génération suivante : « Bonne chance mon fils, bonne chance ma fille… »

Le premier traumatisme est celui de ne pas trouver l’accompagnement adéquat à la bonne évolution de son besoin, le second traumatisme plus grave encore est celui de rejeter soi-même son propre besoin ou de le vivre dans la difficulté en intégrant l’absence d’accompagnement comme une conclusion normale de son problème. Je ne peux pas l’avoir, donc je ne l’aurai jamais et si cela me remonte à la gorge, je continuerai à l’adresser aux mêmes personnes, ou au même type de personnes, qui restent dans l’impossibilité de me le donner, me condamnant moi-même à une perpétuelle insatisfaction.

Voilà donc la vraie impasse : on refoule en général nos besoins en même temps que l’absence de réponse à ses besoins, et on en reste souvent bloqué là, dans le renoncement ou la perpétuelle déception. C’est comme jeter le bébé avec l’eau du bain, si j’ose dire!

Pourtant le problème n’est pas le besoin intime profond qui m’habite depuis l’enfance, le problème vient de savoir à qui l’adresser. La plupart du temps, même quand je renonce à mes propres parents, je continue à faire mes demandes souvent à des personnes que je choisis inconsciemment pour qu’elles soient elles aussi, comme mes parents, dans l’incapacité d’y répondre (un autre membre de ma famille (frères et soeurs par ex.), mon conjoint ou ma conjointe, ou encore mon boss, mon prof, mon docteur, ou n’importe quelle figure d’autorité, etc.).

L’échec vient que, secrètement, je les choisis avec l’idée sous-jacente que la validation de mon besoin viendra de l’extérieur, et que ce sera quand et seulement quand on me le donnera que je me sentirai enfin compris, légitime et satisfait. « Wrong Number! », cette idée (souvent non dite…) à elle seule suffit pour que l’adresse soit toujours la mauvaise, et que le colis vous revienne dans la figure.

En effet, si vous voulez du pain, et que vous vous accrochez désespérément à l’idée que c’est votre boucher qui doit vous le donner, vous risquez de régulières déconvenues… Si vous vous adressez à la mauvaise personne (ou toujours au même type de personne, »et si je demandais au charcutier pour changer… ») c’est parce que dès le départ vous aviez intégré sans le savoir que vous n’aurez pas ce que vous voudrez ce qui nourrira encore plus votre rancoeur envers le pauvre boucher qui vous répète depuis si longtemps qu’il n’en a pas pour vous. Vous êtes alors condamné(e) à rejouer des scénarios fermés et répétitifs. Et quel dommage si en plus vous finissez par renoncer à votre besoin de pain (je n’adresserai plus jamais de demande à personne, c’est trop décevant, trop douloureux, toujours le même scénario, la même fin qui se répète..).

Comment faire sans les Pères et Mères de notre naissance.

Les choses commenceront à changer le jour où vous réaliserez que votre demande est légitime, que vous ne souhaitez pas y renoncer, que ce n’est tout simplement pas la bonne adresse. Il ne vous restera plus qu’à vous mettre enfin en quête d’une boulangerie à laquelle porter votre demande de pain. Dans cet exemple, ce n’est pas le boulanger qui validera votre besoin de pain, c’est vous-même, il s’en suit un processus actif, vous trouverez du pain parce que vous n’attendez plus qu’on vous l’autorise et parce que vous allez le chercher au bon endroit. Identifier « le bon endroit » est affaire de processus, de temps et de reconstruction de l’écoute et de l’Estime de Soi.

Avec l’expérience, votre estime de vous-même grandissante, vous pouvez même apprendre à vous adresser à de meilleurs boulangeries…

Notre problème devient donc:

1) Identifier mes besoins existentiels profonds insatisfaits.

2) Apprendre à les re-qualifier, les re-valoriser comme normaux et essentiels à notre bon développement futur. C’est-à-dire, prendre plus intimement conscience que les êtres humains qui étaient censés le faire, n’ont pas pu, non pas parce que cela ne valait rien, ou que « Je » ne valait rien, mais parce qu’ils avaient eux-mêmes leurs casseroles, leurs histoires d’enfance, leurs handicaps émotionnels, leurs peurs et autres points aveugles et tabous tatoués dans la chair de leur propre éducation sociale, culturelle, religieuse etc.

3) Apprendre, en même temps que la confiance en Soi, à mieux écouter, définir, et mieux adresser, ses besoins, aux bonnes personnes, c’est-à-dire dans le bon cadre et sous la bonne forme, pour que la chance de succès augmente petit à petit et que les cercles vicieux de la déception se transforme en cercle vertueux de la réussite relationnelle.

Et là, bien sûr la première personne à qui adresser votre besoin, c’est vous-même !

Le jour où vous vous validez enfin par l’écoute et l’attention que vous vous portez à vous-même (cf Qu’est-ce que l’Enfant Intérieur ?), et que dans le même temps vous lâchez réellement prise sur l’idée que vos parents sont les seuls responsables et donc les seuls à pouvoir réparer, alors seulement vous pouvez commencer à découvrir que vous pouvez trouver des Mères et des Pères partout autour de vous ! En effet, il suffit d’ouvrir les yeux pour trouver des personnes vers lesquels il est au moins partiellement possible d’adresser sa demande. Cela peut être n’importe qui, certaines de ces personnes auront à coeur de vous accompagner sur certains aspects de vos besoins, et d’autres personnes vous accompagneront sur d’autres aspects, l’important est de ne rien forcer, les demandes se font naturellement au fur et à mesure où l’on sent que la nature de la relation le permet et dans le respect de ce que chacun est vraiment prêt à mettre dans cette relation d’échange. Dans cette configuration et seulement dans cette configuration tout le monde peut y trouver son compte, il peut être aussi gratifiant d’être accompagné(e) que d’être celui qui accompagne.

Nous sommes tous les jours entourés de gens de tous âges qui peuvent, même momentanément, jouer un rôle parental sans que la personne ne devienne réellement un père ou une mère, juste quelqu’un qui s’intéresse, ou se sent pour quelques minutes impliqué(e) dans votre problématique. N’importe quelle rencontre de qualité peut jouer ce rôle dans notre vie, et s’ils ne sont plus limités à papa et maman, alors les possibilités deviennent infinies…

Alors ouvrez les yeux, ouvrez votre coeur d’abords à vous-même, et les « bonnes » personnes deviendront beaucoup plus évidentes dans votre regard renouvelé…

P. A. M.